Le carême, une expérience de la pauvreté pour dire à Jésus : j’ai soif de ton amour

La carême a commencé le mercredi 14 février, jour des Cendres. Monseigneur Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles, donne quelques pistes pour vivre ce carême et se préparer joyeusement à la fête de Pâques.

Le carême, c’est le temps de préparation vers Pâques, la fête de la résurrection de Jésus-Christ, le fils de Dieu. Que faut-il faire pour bien se préparer à Pâques ?

Il faut tourner son cœur vers le Christ; lui dire, « je veux t’aimer », tu es ma lumière, cela donne sens à ma vie, je veux me recentrer sur toi ».

On entre en carême comme on entre au désert, le désert c’est l’expérience de la pauvreté, expérimenter le désir d’être sauvé, car on ne peut pas survivre seul dans le désert.

Le désert est le lieu où Dieu convoque son peuple pour lui dire son amour.

D’où vient le carême ? Est-ce une invention des hommes ou bien existe-t-il une origine biblique ?

Il s’agit des 40 jours de Jésus au désert avant d’entrer dans sa vie publique. Juste après son baptême, il se retire au désert où il subit les tentations. Le désert est donc le lieu de l’épreuve, du combat, comme le peuple hébreu après libération d’Égypte. Il y a fait l’expérience de sa pauvreté, de sa dépendance au Seigneur, pour qu’il écoute Dieu lui déclarer son amour. Le refrain de Moïse est d’ailleurs « Écoute le Seigneur ».

Pour ce carême on peut retenir ce refrain « Écoute le Seigneur, il parle à ton cœur ».

Le carême est associé à une période de jeûne alimentaire. À quoi sert le jeûne alimentaire ?

Il nous permet de faire plusieurs expériences :

-L’expérience de la pauvreté, de la dépendance. La privation permet de prendre conscience de la pauvreté.

-Le sens du partage. On peut se priver d’une séance de cinéma et offrir cette somme.

-Le jeûne est toujours associé à la prière. C’est la dimension spirituelle : « j’ai soif de toi, j’ai faim de ton amour ».

Cela veut dire que l’on pense plus à prier si on a faim ?

Cela permet de demander au Seigneur qu’il vienne combler la place que je lui fais en moi.

« Je t’accompagne dans ce passage au désert, vers ta passion, dans cette souffrance des humains que tu veux porter, je m’associe à ton œuvre de libération et de rédemption du monde. »

On parle souvent du carême, et du jeûne alimentaire qui lui y est associé, comme une période de pénitence. On peut entendre ce mot comme « punition »… Est-ce une erreur d’interprétation ?

Ce n’est pas une punition car on la choisit.

La pénitence est étroitement liée au sacrement de réconciliation. Le pardon de Dieu ne répare pas le mal fait. La pénitence permet de participer à la réparation du mal fait.

Cette période de pénitence s’ouvre par la célébration des Cendres. Au cours de cette messe, le prêtre catholique pose sur le front des croyants de la cendre. Le prêtre dit en même temps : « convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Autrefois, il disait : « tu es poussière et tu redeviendras poussière ». Cela peut paraître étrange. Quel est le sens de ces cendres ?

Ces cendres sont celles des rameaux brulés. C’est le signe de notre pauvreté, misère. C’était un signe de pénitence dans l’Ancien Testament, le besoin d’être sauvé. C’est aussi le signe que l’Église se met en marche.

Aujourd’hui, le prêtre dit : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». On peut supposer qu’un catholique qui va à la messe est déjà converti… La conversion est-elle permanente ?

Les évangéliques voient la conversion comme quelque chose de fulgurant. Pour les catholiques, la conversion est permanente.

A-t-on le droit d’être joyeux pendant le carême ?

Dans les évangiles, il est écrit « Parfume-toi la tête quand tu jeûnes ». Le jeûne est joyeux de cet amour du Christ.

On entend parfois un parallèle entre Carême et Ramadan : deux périodes de jeûne. Pensez-vous qu’il existe des différences entre ces deux pratiques ?

Le carême est secret. On ne le montre pas. Voilà pourquoi les médias parlent beaucoup du Ramadan et peu du carême.