Bioéthique : appel aux consciences

Ce premier mois de l’année nouvelle est marqué par un évènement qui convoque les consciences : l’ouverture des États généraux de la bioéthique.  « Encore ! » direz-vous. Faut-il une nouvelle fois changer la loi déjà révisée en 2010 ? Le gouvernement a estimé que les évolutions des techniques biomédicales et les recherches scientifiques avaient contribué à changer les mentalités et posaient des questions éthiques nouvelles. Il souhaite que les citoyens donnent leur avis sur un large champ de sujets : l’expérimentation sur l’embryon humain, la fin de vie, la procréation médicalement assistée (PMA), la gestation pour autrui (GPA), la recherche sur le génome … Sur toutes ces questions, la conscience est interrogée, les enjeux sont immenses. Sur quelles valeurs humaines voulons-nous fonder le droit ? Ces fondements seraient-ils soumis aux changements des mentalités ? Jusqu’où nos parlementaires iront-ils ? Prenons trois exemples.

L’expérimentation sur des embryons humains : interdite en 1994, autorisée à titre dérogatoire en 2004, autorisée par principe mais sous condition en 2013. Jusqu’où les parlementaires iront-ils dans la libéralisation ?

La procréation médicalement assistée : le Comité consultatif national d’éthique a donné un avis favorable pour l’autoriser aux femmes seules et aux couples de femmes. Avis en contradiction avec celui donné en 2005. Jusqu’où iront-ils dans la libéralisation ?

La gestation pour autrui : la loi française l’interdit. Mais en 2017 quatre arrêts ont ouvert une brèche dans la digue bien fragile de cet interdit ; une gestation pour autrui à l’étranger peut désormais produire des effets en droit français. Jusqu’où iront-ils ?

Les enjeux des États généraux de la bioéthique qui s’ouvrent ce 18 janvier sont majeurs : quelle société voulons-nous ? Quelle conception de l’Homme sommes-nous en train de forger ? L’éthique est devenue un enjeu primordial. Je vous invite à entrer en dialogue avec tous ceux qui réfléchissent à ces questions et recherchent par-dessus tout le respect de la dignité de tout être humain. Pourquoi ne pas relire le livre paru en 2009, intitulé Bioéthique : propos pour un dialogue (Lethielleux DDB), par Mgr d’Ornellas et son groupe de travail. Je cite : « L’Église souhaite entrer en dialogue avec toute personne de bonne volonté… Elle s’engage avec confiance dans le dialogue en étant guidée par le seul souci de promouvoir la dignité humaine chez tous, indistinctement, et d’encourager tout ce qui peut, dans le respect de cette inviolable dignité, contribuer à apaiser, voire à supprimer la souffrance ».

Les débats commencent en régions le 31 janvier prochain. Un avis sera remis au président de la République en juillet. Le débat législatif pourra alors débuter. Un projet de loi devrait être proposé au vote au cours du premier semestre 2019. Il n’y a pas de temps à perdre.

Bonne, heureuse et sainte année, dans l’espérance et la confiance.

 

+ Christophe DUFOUR

Archevêque d’Aix-en-Provence et Arles