Le confirmand doit désirer imiter Jésus

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Samedi 19 mai en la cathédrale d’Aix en Provence, 66 adultes recevront le sacrement de la confirmation par l’évêque du diocèse d’Aix et Arles, Monseigneur Christophe Dufour. Durant la célébration, le croyant réaffirme sa foi, et il reçoit des dons de la part de Dieu qui lui donnent la force de témoigner. Pour les personnes qui ont reçu le baptême tout petit enfant, le sacrement de la confirmation peut être reçu dès la fin du collège ou au lycée. Dans certains diocèses, cela se fait plus tôt. Quel est le meilleur âge pour recevoir la confirmation ? C’est la question posée cette semaine dans Parole d’évêque.

Sagesse, intelligence, science, force, conseil, piété, crainte de Dieu… ce sont les 7 dons qu’un croyant reçoit lors de la confirmation. Juste avant, le catholique réaffirme son baptême : il proclame qu’il croit que Jésus-Christ est le fils de Dieu, qu’il a été envoyé sur terre, qu’il est mort et ressuscité pour sauver l’humanité de la mort et du péché. Pour ceux qui ont reçu le baptême étant petit, la confirmation est un moment important : il faut choisir que l’on croit.

Mgr Christophe Dufour, dans votre diocèse, celui d’Aix et Arles, les jeunes catholiques peuvent recevoir la confirmation à la fin du collège, voire au lycée. Ailleurs en France, les jeunes peuvent recevoir ce sacrement dès la 6è ou la 5ème, voire dès la fin du primaire. Pourquoi ce choix de la classe de 3ème dans votre diocèse ?

D’abord, peut-être est-il bon de dire que la confirmation peut être célébrée de 1 an à 99 ans, puisqu’il y a des traditions différentes dans l’Église, en particulier l’Église latine et les Églises d’Orient. Tout cela est lié à l’histoire. Nous nous référons en particulier au rituel du baptême tel qu’il nous a été transmis par saint Hyppolite de Rome au IIIe siècle, où nous avons la description précise de la manière dont était vécu le baptême : il y avait évidemment le plongeon dans l’eau, et le rôle du diacre et de la diaconesse à cette occasion. Ensuite, l’onction d’huile qui se répandait vraiment sur tous les cheveux et sur toute la tête. En effet, l’onction est vraiment le signe très ancien, très traditionnel même dans toute l’histoire de l’Ancien Testament ; on faisait l’onction sur les rois, les prophètes et les prêtres. Et puis il y avait dans le rituel du baptême au IIIe siècle à Rome, une onction particulière donnée par l’évêque. L’évêque était ainsi présent à tous les baptêmes. À partir du moment où l’évêque n’a pas pu être présent à tous les baptêmes parce-que le christianisme se répandait, notamment dans les campagnes, on a gardé cette onction et l’avons détachée de cette célébration du baptême. Ainsi, lors des visites de l’évêque aux communautés, il « confirmait » le baptême par cette onction. On appelle aussi ce sacrement de confirmation le sacrement de la « chrismation », par l’onction du saint chrême. Je voulais restituer cela. C’est une chance, d’une certaine façon. Le sacrement de confirmation dans notre tradition latine est lié au ministère de l’évêque. En citant St Irénée : « Là où est l’évêque, là est l’Église. », le sacrement de la confirmation est ainsi, d’une certaine façon, l’incorporation à la famille Église. Il fait corps avec une église, il fait corps avec une famille, et c’est l’Esprit Saint qui habite ce corps, et qui fait vivre et respirer ce corps. Donc, on sort de la dimension un peu individuelle pour avoir la dimension ecclésiale. Par ailleurs, le sacrement de la réconciliation, le don de l’Esprit Saint correspond dans l’Évangile à l’envoi en mission. C’est ce qui se passe à ce moment-là.

Pensez-vous que la confirmation soit un choix d’adulte ?

On peut discuter infiniment de cet âge de la confirmation mais je ne me battrai pas sur ce point si des confrères choisissent un autre âge. C’est vrai que nous avons redécouvert ce sacrement de la confirmation après le Concile et nous avons laissé le temps de la redécouverte. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, un certain nombre d’adultes découvrent qu’ils n’ont pas été confirmés à l’adolescence. Et c’est une chance pour le temps que nous vivons de notre Église aujourd’hui. Je me réfère aussi au concile de 30, lorsque l’on a décidé qu’il était nécessaire de faire faire à nouveau à l’adolescence une catéchèse fondamentale pendant 2 ans, dont le point d’orgue serait le sacrement de la réconciliation. Il y a ainsi eu des périodes dans l’Église où on a redécouvert ce sacrement de la confirmation. Tout est donné dans ce sacrement de confirmation ; la grâce est donnée à toute personne mais, comme la semence que l’on plante dans la terre, encore faut-il travailler la terre, l’enrichir, la nourrir, lui donner à boire… Et la grâce qui est donnée ex opere operato dans la tradition catholique, c’est-à-dire, par elle-même. Elle agit mais en même temps, elle ne pourra donner son fruit que dans la bonne terre. Et une des qualités de la bonne terre est la liberté de la personne.

Quand on est encore collégien, la foi dépend-elle encore de celle des parents ?

Je pense qu’aujourd’hui, si un enfant nait dans une famille chrétienne, qu’il est baptisé et même confirmé en même temps que le baptême, il y a de grandes chances que sa foi grandisse, puisqu’il est dans une famille chrétienne.

Fin du collège, début du lycée, c’est le moment où un jeune prend son indépendance vis-à-vis de ses parents. Parfois il rejette les valeurs transmises par les parents, parfois il rejette la foi aussi parce qu’elle vient des parents justement. En proposant le sacrement de confirmation un peu plus tard que dans certains diocèses, cherchez-vous à garder les jeunes dans le giron de l’Église le plus longtemps possible ? La confirmation est-elle une sorte de carotte ?

Proposer la confirmation trop jeune peut être un risque, c’est effectivement ma conviction. Dans le temps que nous vivons, il y a un culte de la liberté, à juste titre, puisqu’au fond, l’éducation d’un jeune est l’éducation à sa liberté. La confirmation va bien dans ce sens-là. D’ailleurs, une parole du Christ adressée aux adultes qu’il rencontre est : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il faut que le jeune qui va être confirmé puisse entendre cette question et y répondre. Il faut qu’il désire cet Esprit-Saint, pas comme une drogue, ou une vitamine mais parce qu’il désire devenir chrétien, il désire imiter le Christ et qu’il sent qu’il n’a pas les capacités pour atteindre ce qui sera le but de toute sa vie. Il demande donc, humblement, le don de l’Esprit saint, comme il est descendu sur Marie et sur les apôtres.

Mais ce sacrement n’est, bien entendu, pas une « carotte ». C’est le souci de l’éducateur ; il ne va pas donner le plus beau des cadeaux à « n’importe qui », il va préparer le cœur de la personne qui va recevoir ce cadeau de Dieu. L’éducateur va ainsi tout faire pour que ce cadeau soit reçu dans les meilleurs conditions possibles afin qu’il fasse son travail dans la vie des personnes.

Proposer la confirmation au primaire ou au début du collège, est-ce brader ce sacrement ?

Je pense qu’il n’y a pas d’âge. Aujourd’hui, dans l’Église en France, il y a eu des documents de la Conférence des évêques dans ce sens : on a estimé qu’il n’y avait pas de meilleur âge pour effectuer sa confirmation mais c’est à partir de tel âge. C’est-à-dire que l’on peut proposer au jeune de troisième, mais il n’est pas obligé de dire qu’il va le faire, il n’y a pas d’âge obligatoire. Je peux vous donner un beau témoignage : une jeune fille étudiant dans un établissement catholique. On lui a donc proposé en seconde la confirmation, elle a répondu qu’elle n’était pas prête. Elle est allée à la célébration de la confirmation de sa meilleure copine et elle l’a vue transformée. Lorsqu’elle a vu la joie de sa meilleure amie après la confirmation, elle s’est dit : « Il s’est vraiment passé quelque chose ! » Il a fallu deux ans pour qu’elle se décide elle aussi à faire le pas. Je peux vous dire que j’ai rarement lu une lettre aussi belle d’un jeune. Je peux dire que la grâce de Dieu, de l’Esprit Saint de Dieu est tombée dans une bonne terre. Je pense que dans la vie de cette jeune l’Esprit Saint va porter du fruit.

Voyez vous une différence dans la manière de recevoir cet engagement entre un adulte et un plus jeune ?

C’est évident ! Entre la lettre d’un 3° et celle d’un 2°, la différence est évidente. Il se passe quelque chose dans la vie du jeune quand il entre au lycée. Quand il a vécu une année de lycée, il a été confronté beaucoup plus qu’avant à l’incroyance ou même à l’objection, l’opposition… Ensuite, c’est l’âge ou on commence à lui apprendre à réfléchir personnellement et à ne pas se situer sous le regard des autres. Il ose dire « Je ». Cela se sent dans les lettres. Je crois qu’à l’avenir, la majorité des baptêmes et des sacrements de la confirmation se feront à l’âge adulte, c’est l’avenir de notre Église en France.