Le témoin, celui qui voit l’œuvre de Dieu dans sa vie et celle des autres

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A la rentrée prochaine, une École des témoins sera lancée en 4 lieux du diocèse d’Aix en Provence et Arles. Il s’agit d’un parcours de formation en 8 soirées pour les personnes désireuses d’apprendre à annoncer leur foi de manière explicite. C’est le thème abordé aujourd’hui dans Parole d’évêque.

« Un formidable défi nous attend : renouveler notre manière d’annoncer l’Évangile à nos contemporains. Or, devenir témoin du Christ ressuscité, cela s’apprend… » C’est par ces mots que l’archevêque d’Aix et Arles invite les fidèles du diocèse à se former au sein de l’École des témoins, une initiative lancée à la rentrée prochaine dans son diocèse. Nous sommes devant un paradoxe : tout croyant, par le baptême, a vocation à témoigner sans avoir fait de longues études de théologie. Le pape François le dit bien dans la Joie De l’Évangile. Dans le même temps, on dit qu’il faut un apprentissage. Qu’en est-il ?

Être témoin cela s’apprend, comme être chrétien cela s’apprend, être saint cela s’apprend. C’est un apprentissage qui est d’abord un savoir-être. Nous ne pouvons témoigner que ce que nous sommes. Il y a aussi un savoir-faire. Je pense à la question que posait un curé à l’équipe qui l’accompagne dans la préparation des futurs mariés. Il leur demandait : « dites-moi ce que change votre rencontre du Christ dans votre vie de couple et de famille ? ». Pas un seul n’a su répondre à cette question. Et bien ils ont besoin d’apprendre. Ou bien, dans les équipes de préparation au baptême, parler du baptême, de la naissance, de ce que change la naissance dans la vie de famille, après cela parler du sens du baptême, ça va. Mais témoigner de notre foi, nous ne savons pas. Et je crois qu’il y a aujourd’hui une urgence à apprendre aux catholiques à être des témoins de leur rencontre avec le Christ Vivant ressuscité.

A qui s’adresse l’Ecole des témoins ?

L’Ecole des Témoins s’adresse à tous les baptisés : tous ceux qui désirent que le nom de Jésus soit connu et aimé, qui se reconnaissent pauvres et démunis par le contexte de la société actuelle, dans le contexte de la vie de tous les jours, vis-à-vis des jeunes générations, des plus pauvres : cette difficulté à rendre compte de notre espérance de notre foi. Cela s’adresse tout d’abord aux collaborateurs des prêtres : j’ai déjà cité ceux qui accompagnent les prêtres dans cette mission de préparer les personnes aux sacrements. Par exemple, comment témoigner du Christ ressuscité aux familles en deuil ? J’ai même entendu une jeune baptisée de cette année, qui est enthousiasmée par ce projet de l’école des témoins et qui a déjà invité quatre personnes de son entourage à cette formation.

En quoi apprendre à témoigner de sa foi peut-il aider les communautés paroissiales à se transformer, se renouveler ?

Le comment appartient au Seigneur, nous sommes des outils dans les mains de l’Esprit Saint. Nous devons nous laisser surprendre.

Apprendre à devenir témoin, c’est d’abord apprendre à regarder l’œuvre de l’Esprit Saint autour de nous. Le témoin, c’est celui qui voit, et celui qui voit l’œuvre de Dieu dans sa propre vie et dans la vie des autres. Je pense que c’est cela qui transforme une communauté : c’est de pouvoir témoigner de l’œuvre de Dieu accomplie en nous, comment nous sommes transformés par notre foi.

Le témoignage personnel de foi s’enracine dans la rencontre personnelle avec le Christ. Pouvez-vous nous donner le sens de cette expression « rencontre personnelle avec le Christ » qui peut prêter à confusion ?

Quand je dis cela aux jeunes surtout, ils me répondent : mais on n’a pas rencontré le Christ. C’est vrai ! Je prends alors cet exemple et leur dis : « pensez à quelqu’un que vous aimez qui n’est pas devant vous, qui n’est pas dans cette salle, qui peut être à l’autre bout de la terre. Comment pouvez-vous le rencontrer ? Alors bien sûr il y a le téléphone, Skype. Mais comment pouvez-vous le rencontrer dans votre cœur ? En pensant à lui, en vous rappelant tel souvenir, telle parole ». La rencontre avec le Christ se fait de cette façon-là. Notre manuel de base, ce sont les Évangiles, les lettres de Paul qui témoignent de sa rencontre avec le Christ. Il faut évidemment des médiations. Mais cette rencontre, c’est vraiment de percevoir avec les yeux de la foi que le Christ est vraiment présent avec nous. C’est un acte de foi d’abord.

Un mot est sur toutes les lèvres aujourd’hui : disciple-missionnaire. C’est le terme que le pape François utilise dans la Joie De l’Évangile pour évoquer le témoin. Toutes les plaquettes des diocèses sont mises à la sauce disciple-missionnaire. Le risque est grand de l’associer à des recettes, des méthodes. N’est-on pas dans le « faire » plutôt que « l’être » ?

Tout commence par se laisser transformer par le Seigneur. Et c’est un être heureux que le Seigneur veut façonner en nous : être configuré au Christ. Mais dans le mot disciple, il y a cette réalité de vouloir suivre le Christ, de vouloir imiter le Christ. Et missionnaire : plus nous rencontrons le Christ, plus il nous envoie témoigner de lui. On ne peut pas être chrétien pour soi. Le Christ a dit à ses apôtres : « allez, je vous envoie », comme des agneaux au milieu des loups. « Allez, de toutes les nations faîtes des disciples ». « Soyez mes témoins jusqu‘aux extrémités de la Terre ». C’est vraiment le message final du Christ, « Vous m’avez suivi, maintenant je vous envoie ». C’est cela le disciple-missionnaire. Ce n’est pas du tout une idéologie ou une stratégie. C’est d’abord être derrière le Christ, à sa suite, être avec le Christ en point de mire. C’est lui que nous voulons suivre, nous voulons lui plaire.

Une fraternité missionnaire diocésaine s’est mise en place au sein même des structures diocésaines. Pouvez-vous nous dire un mot sur cette initiative ?

L’essentiel pour un évêque, c’est d’avoir une équipe au service de cette transformation missionnaire du peuple de Dieu, qui est déjà en route, sur le terrain, notamment dans les paroisses. Nous avions, comme dans tous les diocèses, comme à la Curie romaine, des services très cloisonnés. Les responsables des services pastoraux se réunissent désormais en fraternité : ils se réunissent d’abord autour du Christ ressuscité, autour de sa parole. Et quand ils partagent, ils partagent leurs missions au nom du Christ. Je pense que cela va, à terme, renouveler la manière d’être au service de la famille diocèse, du peuple de dieu de ce diocèse, des paroisses. Les paroisses sont elles-mêmes appelées à devenir des fraternités. La fraternité, c’est l’unité de base de l’Église. Je rêve d’une Église constituée de petites fraternités, comme des cellules ecclésiales qui composent le tissu vivant de l’Église, comme les cellules constituent le tissu vivant de notre corps.

Vous avez à cœur de de saisir chaque occasion pour parler des 5 essentiels, les 5 vitamines de tout croyant et de toute communauté…

Je préfère parler d’expériences fondamentales de la vie chrétienne. C’est d’abord l’expérience de la rencontre personnelle avec le christ. C’est ensuite l’expérience de la vie fraternelle, de l’amour fraternel. C’est l’expérience de la formation par la parole de Dieu, c’est une formation biblique. C’est aussi l’expérience du service car le chrétien est un serviteur. Et enfin c’est l’expérience de la mission, être missionnaire. Et donc l’école des témoins nous apprendra à vivre ces cinq dimensions essentielles de la vie chrétienne.

 « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins, à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». Ce mandat missionnaire de Jésus à ses apôtres, Mgr Dufour, vous le relayez aujourd’hui. IL s’adresse aussi aux personnes de bonne volonté qui veulent annoncer la Bonne Nouvelle. Pour cela, il y a l’Ecole des témoins, lancée à la rentrée. Les inscriptions sont ouvertes ! Merci Mgr Dufour.