[Édito] Le joyeux retour des patronages

Nous sommes le 1er février et l’on me dit : « Les enfants sont fatigués ». Constat établi par des directrices et directeurs d’écoles après seulement trois semaines du second trimestre ! Interrogeons-nous sur cet état : une société fatiguée transmet sa fatigue à ses enfants.

Nous connaissons la fatigue de la planète dont les graves symptômes sont le dérèglement climatique, l’appauvrissement de la biodiversité et la fin de nombreuses espèces vivantes : la cause de cette fatigue extrême est liée à l’exploitation effrénée des trésors de vie de la terre. Mais nous connaissons aussi le dérèglement du rythme de vie des humains. Pourquoi nos enfants sont-ils fatigués ? Parce qu’ils ont un rythme de vie qui n’est pas de leur âge, parce qu’ils n’ont pas leur compte de sommeil, parce qu’ils vivent dans un climat de compétition et une suractivité démesurée, parce qu’ils succombent à toute les tentations de loisirs et de consommation… Quel temps gratuit, quelle détente paisible offrons-nous à nos enfants ?

Je voudrais partager ici une découverte heureuse à l’occasion de mes visites des paroisses du diocèse : le joyeux retour des patronages, à Arles, Miramas, Salon, Aix et d’autres… Lorsque, le mercredi de 8h30 à 17h30, les enfants sont accueillis dans une ambiance familiale, non pas pour des activités, mais pour vivre une journée en famille. Ceux qui les accompagnent et veillent sur eux tout au long de la journée ont l’âge d’être leurs grands frères et grandes sœurs aussi bien que leurs papis et leurs mamies, tandis que leurs parents sont au travail. On y fait ses devoirs et ses leçons d’école, on se détend dans des jeux éducatifs, on y cuisine et on y mange, on prie, on chante… Journée de repos, de joie et de fraternité. Le joyeux retour des patronages !

Ma découverte se poursuit les dimanches, avec les repas partagés qui suivent la messe, les petits déjeuners-rencontres, les après-midis fraternels autour de jeux de société, de petits spectacles, de films, de chants…, parfois une marche ou un pèlerinage, et souvent la prière des vêpres en point d’orgue. Les enfants jouent, les adultes partagent, tous se détendent et se reposent. Ces paroisses ne sont-elles pas en train d’inventer des patronages en famille ?

Pour trouver le repos et éviter d’être fatigués, cultivons la gratuité, la bienveillance et la fraternité.

 

+ Christophe DUFOUR
Archevêque d’Aix-en-Provence et Arles

Edito EAA 1 février 2019