« Lire la parole de Dieu, c’est s’unir à Dieu »

 

Du 26 avril au 6 juin 2019, la cathédrale saint-Sauveur d’Aix-en-Provence organise une lecture intégrale de la Bible. Les lecteurs d’Aix et ses environs se relaieront pour lire les 1159 passages de la Bible. Pour le père Benoît Tissot, curé de la cathédrale, on peut lire la Bible de trois manières mais il faut lier les trois.

 Comment peut-on apprendre à connaître Jésus-Christ ?

tissotPar sa parole, Dieu nous unit à lui. Le seul moyen de connaître Jésus-Christ, c’est en lisant les Écritures. Dieu se fait connaître à travers la parole, les actes et les événements. Les évangiles, qui racontent la vie de Jésus-Christ et rapportent sa parole, peuvent nous paraître dépassés, trop lointains. Il faut demander dans la prière l’aide pour effectuer une transposition afin de comprendre ce qui est toujours actuel dans ces textes, comprendre quelle réalité demeure.

Si on lit la parole de Dieu tous les jours, comme c’est proposé à la messe, on lit les 4 évangiles en 3 ans. Vous avez été ordonné il y a 12 ans, donc vous avez lu les 4 évangiles au moins 4 fois, voire plus. Découvrez-vous toujours des choses sur Dieu ?

Le mystère est infini, on n’a jamais fini de découvrir qui est Dieu, comment il se révèle dans la Bible. De plus, les évangiles sont complémentaires, donc on découvre des choses différentes du mystère de Jésus-Christ selon l’évangile qu’on lit. Les textes de saint Mathieu, saint Luc et saint Marc sont des évangiles synoptiques, ils ont la même caractéristique, la même manière de voir Jésus-Christ. L’évangile de saint Jean est théologiquement plus construit.

L’évangile de saint Matthieu est destiné aux Juifs, donc il insiste sur la figure du Christ comme nouveau Moïse. Il multiplie les citations de l’Ancien Testament pour montrer que Jésus-Christ accomplit les Écritures. L’évangile selon saint Marc fait de même. Il montre que Jésus est le Messie attendu, que le secret messianique se révèle vraiment quand Jésus est sur la croix. Jésus est le messie serviteur, cette dimension intègre à la fois celles de prêtre, prophète, et roi. Enfin l’évangile de saint jean introduit au mystère. Chaque signe est l’occasion d’une catéchèse de la part de Jésus-Christ. Après le miracle de la multiplication des pains par exemple, Jésus explique le sens de son geste. C’est pour que le lecteur parvienne à la foi. Dans cet évangile, Jésus est le roi en gloire, c’est la puissance de l’amour qui se manifeste sur la croix.

Y a-t-il plusieurs manières de lire la Bible et plus particulièrement les évangiles ?

En effet, le premier niveau de lecture correspond au niveau littéral : on peut lire la Bible comme une suite d’événements et d’aventures très variés. Au deuxième niveau, celui du mystère, on croit que Dieu se révèle dans ces textes. Au troisième niveau, on cherche à découvrir le projet de Dieu pour chacun de nous, comment le mystère peut s’accomplir dans chacune de nos vies.

Je vais vous donner un exemple, celui du passage de Moïse et des Hébreux au milieu de la mer rouge. On peut lire ce passage de manière épique, puis chercher à comprendre le mystère – ici ce passage de la mer rouge renvoie au Salut de l’Humanité dans le Christ Sauveur -, enfin ce passage de l’Écriture s’accomplit dans le baptême. Pour les adultes néophytes qui entendent ce texte le soir de la vigile pascale, le soir de leur baptême, ils embrassent tout le mystère du Salut : autrefois, le Christ, aujourd’hui.

En participant de manière épisodique à la lecture intégrale de la Bible, on risque de saucissonner la Bible et de rester au premier niveau de lecture. Que conseillez-vous de faire pour éviter cet écueil ?

Il serait idéal que chaque participant prépare sa lecture chez lui, à l’avance. Pas seulement une préparation technique, mais une préparation spirituelle. En priant et en méditant l’extrait choisi, j’invite chaque lecteur à accéder aux trois niveaux de lecture afin de vivre cette lecture de la parole de Dieu comme un sacrement (Benoît XVI, Verbum domini, 2010, §56), c’est-à-dire comme un signe et un moyen de l’union avec Dieu.