Dimanche de la Miséricorde : « En Jésus ressuscité, c’est la Bonté de Dieu qui nous visite »

À l’occasion du dimanche de la Miséricorde, le Père Michel Desplanches, vicaire général du diocèse d’Aix-en-Provence et Arles, nous invite, dans son homélie, à reconnaître la Bonté de Dieu qui vient nous visiter et nous appelle à lui ouvrir grand les bras.

Il y a 20 ans tout juste, le dimanche de Quasimodo, appelé parfois « in albis », est devenu le Dimanche de la Miséricorde. Et, depuis 20 ans, l’Église, peu à peu se réapproprie avec bonheur ce mystère. Le jubilé de la Miséricorde, en  2016, nous a permis d’intérioriser cette dimension centrale de notre foi. Mais de quoi s’agit-il ?

La Miséricorde n’est pas un concept. Or le Français aime les concepts. On peut dire qu’avant tout, la Miséricorde est l’expérience d’une rencontre, l’expérience de la Bonté de Dieu.

Ce mot est un peu vieilli en français. Pourtant, il me semble d’une particulière actualité. La vague d’angoisse, d’isolement, de décès qui déferle sur la terre entière paraît tout écraser sur son passage. Nous acceptons d’être confinés, mais cela suffit-il à sauver notre vie ? Où chercher la guérison intérieure, la consolation qui nous est nécessaire pour une vie véritablement humaine ?

En ce dimanche le Christ ressuscité vient à nous, les mains et les pieds encore marqués par les clous de la croix, mais triomphant de la mort. Sa présence est un baume de douceur sur les plaies béantes de notre terre. Il vient, toutes portes étant closes. Il vient, brisant la solitude et la peur qui nous rongent.

C’est la Bonté de Dieu qui vient nous visiter, la douceur de son pardon, la splendeur de sa vie nouvelle, sa paisible lumière intérieure. La Bonté du Père, il vient la verser dans nos cœurs. Elle ne fera pas de nous des êtres plus efficaces ou plus rentables selon les critères de la société. Mais elle fera de nous des bâtisseurs lumineux du Royaume que Dieu veut établir sur la terre.

Regardons ce qui se passe. Notre société avait tout parié sur la toute-puissance de la science. Elle célèbre aujourd’hui la bonté et le dévouement des personnels soignants qui se retrouvent porteurs d’un message oublié : l’Homme est au centre de tout projet de société. Notre regard se centre sur le malade, la personne âgée dépendante, l’exclu qui a besoin de soin, d’attention, de respect. Les personnels soignants ont mis en valeur ce qu’il y a de meilleur chez l’Homme, obligeant la terre entière à un « sursaut d’humanité ».

Aujourd’hui, frères et sœurs, c’est la Bonté de Dieu qui vient à nous, ce que nous appelons sa Miséricorde. On n’osait pas en parler, tellement ce mot de Bonté apparaissait décalé, vieux jeu. Aujourd’hui, cette Bonté se révèle et nos yeux s’ouvrent sur les trésors  qui sommeillent en chacun de nous.

Cette Bonté, elle suscite la créativité, elle fait naître des tas d’idées et de gestes solidaires comme autant de fruits de la grâce.

Dans sa lettre apostolique aux jeunes qui clôturait l’année sainte de la Miséricorde, le Pape François appelait à faire grandir une culture de la Miséricorde, fondée sur la rencontre et la redécouverte des autres. N’est-ce pas là le grand chantier qui nous attend à l’issue du confinement ? Cet appel du Saint-Père retentit avec une incroyable justesse à l’heure où nous sommes : redécouvrir l’autre, prendre soin de lui, lui manifester la Bonté que nous avons goûtée dans la rencontre avec le Ressuscité. Plus que de toute autre chose, notre terre a besoin d’une révolution de la Bonté.

A chacune, à chacun, là où nous sommes, partageons le meilleur de nous-mêmes.

La Bonté suscite la vie, la joie, la reconnaissance. Elle évangélise celui qui donne et celui qui reçoit.

En Jésus ressuscité, c’est la Bonté de Dieu qui nous visite, sa Miséricorde. Ouvrons-lui grand les bras. Elle vient nous consoler, nous fortifier, nous réjouir et elle ne veut qu’une chose : réchauffer le cœur de ce monde et le rendre plus humain.