Confinés ! Prions et méditons : n°40

Pendant la période de confinement, le diocèse d’Aix-en-Provence et Arles vous propose chaque jour un temps de prière en communion fraternelle composé de : la lecture de la Parole du jour, une méditation écrite par un prêtre du diocèse, et la « Prière en temps d’épidémie » à réciter ensemble à midi. Aujourd’hui la méditation nous est proposée par le père Bastien Romera, vicaire de Martigues.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (14, 1-6)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »

« Être avec Jésus ! » : la méditation proposée par le père Bastien Romera, vicaire de Martigues.

Être avec Jésus. C’est tout l’enjeu de ce que les apôtres désirent, même confusément, derrière l’angoisse de la question de Thomas. Et c’est ce que Jésus lui-même promet avec assurance.

Être avec Jésus. Voilà qui ne dépend pas d’abord de nous, de notre ascèse, de notre travail, de nos planifications, de nos efforts ou de nos élans mystiques. C’est l’œuvre de Dieu, avant tout, qu’il s’agit d’accueillir et de laisser s’accomplir. C’est lui qui demeure avec nous. Nos mérites ? Non, tout le mérite est à Dieu, c’est sa victoire. En langue provençale, quand quelqu’un passe vers le Père, on aime dire qu’il « s’emparadise ». L’expression est pleine d’une suggestive espérance. Mais il faut pourtant bien préciser que c’est le Seigneur qui l’emparadise !

C’est profondément libérant si, comme Thomas, nous avons tendance à contingenter la grâce de Dieu à ce que nous croyons savoir de lui… « nous ne savons même pas où tu vas »… Illusion de sécurité qui nous fait nous raccrocher au savoir, à la quête de maîtrise, pour croire échapper à la réalité qui nous éclate implacablement à la figure ces temps-ci : nous sommes fragiles et limités.

La vérité est que nous ne savons pas grand-chose. Et d’ailleurs, savoir, même au plus profond de nous, que Dieu nous sauve ne nous immunise pas tout à fait, sauf grâce particulière, de la peur ou de l’inquiétude. Le reconnaître est déjà le début du salut. C’est ici la bonne piste du vaccin efficace. Il ne s’agira pas d’abord d’en savoir beaucoup sur les détails du salut, mais d’aimer, et donc, d’être avec le Sauveur.

« Ne soyez pas bouleversés » disait Jésus. Inaudible injonction en effet si nous nous fions à nos capacités seules : reconnaître que Jésus est le chemin, la vérité et la vie guérit de la présomption. Mais cela prend bien toute une existence pour emprunter ce Chemin, faire la Vérité, consentir à cette Vie. Être avec Jésus, sans fard ni distanciation sociale. Le laisser demeurer avec nous, librement. Le salut de Dieu est libération, qui s’expérimente plus qu’il ne se décortique.

À propos de libération, justement, le 11 mai 2020 se présente déjà bien différent du 8 mai 1945 que nous commémorons aujourd’hui. En 1945, la libération était effective, sûre, tout le monde s’embrassait et les cloches ont sonné avec l’assurance exultante de la victoire acquise. En revanche, notre libération du confinement nous apparaît précaire, comme une liberté peut-être provisoire, en tout cas bien partielle. Prophylaxie oblige, personne ne s’embrassera car l’autre sera un risque potentiel ; et dans l’incertitude ambiante, on hésitera à crier victoire trop tôt ou trop fort depuis nos clochers.

Pourtant, avec l’hésitation de ceux que le virus convoque à l’humilité, il nous reste bien cependant une certitude. Avec un célèbre théologien allemand qui l’avait payé de sa vie pendant la seconde guerre, nous pouvons conclure des paroles de Jésus d’aujourd’hui que « la victoire est certaine ». Nous n’en savons pas encore le chemin, comme Thomas, mais elle est certaine. Joli cataplasme de paroles qui ne coûtent pas cher, me direz-vous… n’y aurait-il pas un amalgame douteux de victoires superposées ? Dietrich Bonhoeffer – puisque c’est de lui qu’il s’agit – avait résisté de toutes ses forces au « virus » mortel de l’époque, mais sa foi le portait bien au-delà de cette victoire humaine.

Tout l’enjeu est d’être avec Jésus pour ne pas se tromper de victoire, ni de vainqueur.

Prière

Nous pouvons réciter ensemble à midi, un « Je vous salue Marie », un « Notre Père », et la « Prière en temps d’épidémie » écrite par un prêtre du diocèse :

Prière en temps d’épidémie

Saint Roch et saint Sébastien, amis du Seigneur Jésus, vous qui avez connu l’épreuve de la souffrance et de la maladie, soyez aujourd’hui les ambassadeurs de notre prière auprès de Dieu notre Père. En ce temps d’inquiétude et d’incertitude, nous recourons à vous avec confiance pour demander votre intercession.

Comme nos aïeux en Provence qui n’ont jamais désespéré de Dieu dans les pires moments des épidémies de peste et se sont toujours confiés à vous, nous renouvelons cette fidélité à l’heure du coronavirus qui nous frappe aujourd’hui.

Grand saint Roch, grand saint Sébastien, vous qui contemplez le visage de Dieu dans la gloire du ciel, voyez vos frères et sœurs d’ici-bas qui sont aux prises avec les flèches de la maladie aux quatre coins du monde.

Vous qui goûtez la plénitude de l’amour du Saint-Esprit, demandez-lui pour nous la fraîcheur dans la fièvre, la guérison pour ce qui est blessé.

Vous que la sainte Vierge Marie a présenté à Dieu après l’épreuve, demandez-lui de nous prendre dans son manteau de miséricorde et de dire à son Fils que nous manquons du vin de la joie.

Vous qui avez risqué votre vie pour annoncer à tous la Vie qui est en Jésus, confiez au divin médecin toutes les personnes qui luttent au chevet des malades, qui se dépensent pour leurs frères et cherchent pour développer des traitements.

Vous qui avez vécu en fils de l’Église en toutes circonstances, priez pour que les chrétiens donnent à tous le témoignage humble de leur confiance paisible, de leur charité active, et de leur espérance invincible qui viennent du cœur du Christ.

Vous qui ne vous êtes jamais résignés au mal, obtenez-nous de ne céder ni au fatalisme ni à la panique, mais d’avancer les yeux fixés sur la croix de Jésus, mort et ressuscité, en qui est la victoire totale et définitive sur le mal.

Glorieux saint Sébastien et saint Roch, nos amis dans la difficulté, demandez-le à Dieu notre Père, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec lui dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen.

Saint Roch, priez pour nous.

Saint Sébastien, priez pour nous.