Déconfinés ! Continuons à prier et méditer : n°45

Pendant la période de confinement, et jusqu’à la reprise des célébrations, le diocèse d’Aix-en-Provence et Arles vous propose chaque jour un temps de prière en communion fraternelle composé de : la lecture de la Parole du jour, une méditation écrite par un prêtre du diocèse, et la « Prière en temps d’épidémie » à réciter ensemble à midi. Aujourd’hui la méditation nous est proposée par le père Thomas Poussier, vicaire de la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence.

Lecture du livre des Actes des Apôtres (1, 15-17.20-26)

En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères qui étaient réunis au nombre d’environ cent vingt personnes, et il déclara : « Frères, il fallait que l’Écriture s’accomplisse. En effet, par la bouche de David, l’Esprit Saint avait d’avance parlé de Judas, qui en est venu à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus : ce Judas était l’un de nous et avait reçu sa part de notre ministère. Il est écrit au livre des Psaumes : Que son domaine devienne un désert, et que personne n’y habite, et encore : Qu’un autre prenne sa charge. Or, il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. » On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias. Ensuite, on fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne. » On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres.

La méditation proposée par le père Thomas Poussier, vicaire de la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence.

Depuis cinq semaines, la lecture quotidienne des Actes des Apôtres nous a placé dans les pas des premiers chrétiens partis annoncer la Bonne Nouvelle sur les routes d’Antioche, de Lystres, de Pergé, etc. La fête de saint Matthias nous donne aujourd’hui l’occasion de « revenir » à Jérusalem, dans une scène qui se situe au tout début des Actes des Apôtres, après l’Ascension du Christ.

Cent vingt personnes se sont rassemblées, dont les onze apôtres. Saint Pierre prend la parole, c’est son premier discours. Celui qui a reçu de Jésus la charge d’« affermir ses frères » ne fait pas, malgré les apparences, un exposé théologique ou exégétique de la situation. En résumé : douze disciples ont été appelés par le Christ, le corps des Douze doit être reconstitué.

Pierre veut organiser le groupe des « témoins de la résurrection » ; il emploie pour cela des paroles très touchantes et évoque la nécessité de trouver celui qui prendra la place laissée vide par Judas. Cette action vise en premier lieu la reconstitution du collège des Douze, nouvelle fraternité qui prend la suite, dans l’histoire sainte, des douze fils d’Israël. Mais il me semble que Pierre veut également signifier aux apôtres qu’ils ne peuvent vivre leur vie de disciples du Christ, comme des atomes isolés. Jésus les a éveillé à cela, en les envoyant deux par deux. Pierre se rappelle aussi ces moments privilégiés où Jésus l’avait pris avec Jacques et Jean pour leur confier le cœur de sa vie de Fils de Dieu.

En demandant aux personnes assemblées devant lui de désigner le douzième, Pierre rappelle à ses frères qu’il n’est pas bon que l’apôtre soit isolé, non seulement parce qu’il est plus fragile et en danger, mais parce qu’il est comme incomplet. Reconnaissons-le : « il manque quelqu’un près de moi », comme disait le poète. Ce besoin relationnel, nous avons dû le travailler durant deux mois dans nos demeures, puis l’appréhender de manière nouvelle depuis lundi.

Et nous l’expérimentons aussi là où nous sommes envoyés en mission, et ce, quel que soit notre état de vie ! Nous ne sommes pas envoyés seuls en mission. Quels que soient nos dons, nos charismes et nos talents, il nous faut un frère pour vivre, avec lui, l’annonce de la Parole. Par des paroles fortes, Pierre raffermit le corps de l’Église, mais il nous invite aussi à ne pas chercher à faire le tri dans les frères que nous envoie le Seigneur. Attention donc à ne pas transformer nos cénacles de dix personnes en petits clubs bourgeois qui ne rassembleraient que des gens purs : « ce Judas était l’un de nous et avait reçu sa part de ministère ». C’est le Christ qui nous choisit et nous rassemble !

Pour recevoir l’autre comme un frère, une sœur, celui qui me manque et qui manque à l’Église, ne nous appuyons pas sur notre seule bonne volonté, mais puisons la charité à la source, dans le cœur du Christ. Demeurons dans son amour, soyons ses amis, alors, tout ce que nous demanderons au Père en son nom,  il nous le donnera.

Prière

Nous pouvons réciter ensemble à midi, un « Je vous salue Marie », un « Notre Père », et la « Prière en temps d’épidémie » écrite par un prêtre du diocèse :

Prière en temps d’épidémie

Saint Roch et saint Sébastien, amis du Seigneur Jésus, vous qui avez connu l’épreuve de la souffrance et de la maladie, soyez aujourd’hui les ambassadeurs de notre prière auprès de Dieu notre Père. En ce temps d’inquiétude et d’incertitude, nous recourons à vous avec confiance pour demander votre intercession.

Comme nos aïeux en Provence qui n’ont jamais désespéré de Dieu dans les pires moments des épidémies de peste et se sont toujours confiés à vous, nous renouvelons cette fidélité à l’heure du coronavirus qui nous frappe aujourd’hui.

Grand saint Roch, grand saint Sébastien, vous qui contemplez le visage de Dieu dans la gloire du ciel, voyez vos frères et sœurs d’ici-bas qui sont aux prises avec les flèches de la maladie aux quatre coins du monde.

Vous qui goûtez la plénitude de l’amour du Saint-Esprit, demandez-lui pour nous la fraîcheur dans la fièvre, la guérison pour ce qui est blessé.

Vous que la sainte Vierge Marie a présenté à Dieu après l’épreuve, demandez-lui de nous prendre dans son manteau de miséricorde et de dire à son Fils que nous manquons du vin de la joie.

Vous qui avez risqué votre vie pour annoncer à tous la Vie qui est en Jésus, confiez au divin médecin toutes les personnes qui luttent au chevet des malades, qui se dépensent pour leurs frères et cherchent pour développer des traitements.

Vous qui avez vécu en fils de l’Église en toutes circonstances, priez pour que les chrétiens donnent à tous le témoignage humble de leur confiance paisible, de leur charité active, et de leur espérance invincible qui viennent du cœur du Christ.

Vous qui ne vous êtes jamais résignés au mal, obtenez-nous de ne céder ni au fatalisme ni à la panique, mais d’avancer les yeux fixés sur la croix de Jésus, mort et ressuscité, en qui est la victoire totale et définitive sur le mal.

Glorieux saint Sébastien et saint Roch, nos amis dans la difficulté, demandez-le à Dieu notre Père, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec lui dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen.

Saint Roch, priez pour nous.

Saint Sébastien, priez pour nous.