« Il est temps d’approfondir notre Foi ! » : l’homélie du dimanche 8 novembre de Mgr Dufour

Dans son homélie du dimanche 8 novembre 2020, Mgr Christophe Dufour nous invite à nous « tenir prêt » pour « être fort dans l’épreuve » et nous appel à faire croître notre Foi. Il transmet également aux diocésains d’Aix et Arles un message sur le temps de confinement que nous vivons actuellement. L’intégralité de celui-ci est à retrouver en bas de cet article.

Sommes-nous prêts, frères et sœurs ? Entendez-vous le cri : « Voici l’époux ». Et l’invitation : « Sortez à sa rencontre ». Le cri nous réveille brutalement, en pleine nuit, mais l’invitation nous réconforte. Sommes-nous prêts ? Sommes-nous comme les jeunes filles prévoyantes qui avaient prévu le retard de l’époux et pris des flacons d’huile avec leurs lampes ? Ou sommes-nous comme celles qui n’avaient pas prévu le retard de l’époux ?

La parabole des vierges folles et des vierges sages est une parabole de crise. Dans l’évangile de Matthieu, elle se situe au chapitre 25, toute proche de la parabole du jugement dernier dans le même chapitre. Nous sommes à la fin des temps. Lorsque Matthieu écrit son évangile, l’armée de Titus a réprimé la révolte juive contre l’oppression de l’Empire de Rome, elle a rasé le Temple de Jérusalem, les premières communautés chrétiennes sont persécutées, bref, c’est la nuit noire sur le monde et le Christ ne se manifeste pas. Il avait promis de revenir, lui qui a traversé la nuit de la mort, lui l’Epoux de l’Eglise, l’Epoux des noces de Dieu avec l’humanité. Il avait promis de revenir et il tarde à venir.

Se tenir prêt, telle est la leçon de la parabole. Se tenir prêt lorsque l’attente est longue. Se tenir prêt pour ce moment où il nous faudra affronter le malheur. Se tenir prêt pour être fort dans l’épreuve. Telle est la leçon pour nous encore aujourd’hui.

Cette année 2020, tout le monde le reconnaît, restera dans l’histoire comme celle de la sidération. Sidération devant l’apparition d’un virus inconnu qui a contaminé toute la planète, qui a fait prendre conscience à l’humanité de son immense fragilité. Une catastrophe ! Si on ajoute la menace islamique qui s’en prend à notre nation, l’année 2020 aura été une année de choc. C’est bien le contexte de la parabole.

Quelle lumière nous offre cette parole du Seigneur ? A quelle attitude nous invite cet enseignement de Jésus ? A tenir bon dans la foi. Pas une foi superficielle, pas une foi qui ne serait qu’une habitude ou un vernis culturel. Mais une foi profonde, une foi enracinée au plus profond de notre cœur, de notre intelligence et de notre âme. Une foi nourrie de l’huile de la grâce de Dieu, l’huile de la Parole de Dieu, des sacrements et de l’amour fraternel. Dans une interview au Congrès Mission, le philosophe chrétien Jean-Luc MARION témoigne de sa foi en ce temps de malheur et répond à la question : « N’est-il pas trop tard pour croire ? » Non, dit-il. Certes la foi est humainement impossible,  mais elle est une grâce, un cadeau, elle est toujours donnée par Dieu. Et il s’interroge devant les évènements de cette année 2020 : « Que va-t-il se passer maintenant ? » Il répond : « Dans le désastre, il y aura des survivants. Les survivants sont ceux qui sauront encore lire, qui auront des textes, une mémoire ». Et il fait l’hypothèse que les héritiers du judéo-christianisme soient en première ligne. Il conclut : « Nous y sommes déjà. Tout le monde est à l’eau, avec ou sans bouée. Le problème est de savoir si on a encore l’âme au ventre ».

De l’âme au ventre, de l’huile en réserve pour que la lampe de la foi ne s’éteigne pas. Nous vivons une année d’épreuve. De plus grands malheurs sont peut-être à venir. Ceux d’aujourd’hui sont des avertissements. Il est encore temps de faire le plein d’huile, frères et sœurs. Il est temps d’enraciner fermement notre foi dans la prière, dans un cœur-à-cœur quotidien avec le Christ vivant. Il est temps d’approfondir notre foi en revenant plus fidèlement à la lecture priée de l’Ecriture Sainte. Il est temps de raviver notre foi dans le partage et l’amour fraternel.

Le Conseil d’Etat a rejeté hier notre requête pour que nous puissions retrouver la liberté de nous rassembler dans nos églises. Un motif et un seul : nous sommes en état d’urgence sanitaire. Dans cette lutte contre l’épidémie, il nous faut accepter d’être privés du rassemblement dominical autour de l’Eucharistie. N’est-ce pas l’occasion de prendre soin de notre foi chrétienne et de l’approfondir. Accrochons-nous à l’espérance en Jésus Sauveur, vainqueur du mal et de la mort. L’apôtre Paul le rappelle avec vigueur à sa communauté de Thessalonique : « Jésus, nous le croyons, est mort est ressuscité ».

Seigneur Jésus, tu es l’Epoux de l’Eglise. Tu es si amoureux de l’humanité que tu as donné ta vie pour elle. Nous t’aimons. Nous croyons en toi. Nous mettons toute notre espérance en toi. Veille sur nous et fortifie en nous la foi.

Amen.

Homélie de Mgr Dufour – Dimanche 8 novembre 2020

Message aux diocésains pour le confinement