« Dieu nous fait confiance » : l’homélie du dimanche 15 novembre du Père Michel Desplanches

Dans son homélie du dimanche 15 novembre 2020, le Père Michel Desplanches nous montre combien Dieu nous fait confiance pour faire fructifier les dons reçus de Lui.

Un homme riche part en voyage et confie une véritable fortune à trois de ses serviteurs, « à chacun selon ses capacités », nous dit-on.
Avant toute chose, sachons qu’un talent n’est pas une capacité personnelle à exceller dans un domaine particulier. Il s’agit ici d’une unité de mesure d’argent. Un talent représente 17 à 20 ans de salaire pour un ouvrier. Une véritable fortune. Avant d’aller plus loin dans notre lecture de ce texte, contemplons l’infinie confiance que ce Maître, le Christ, nous a manifestée. Il nous a tout révélé du mystère de Dieu et ce trésor, il nous l’a confié. Notre premier sentiment devant cette confiance gratuite, adaptée à nos capacités à chacun, notre premier sentiment c’est d’admiration, la reconnaissance pour ce don inexplicable et gratuit.

Mes amis, avant de tomber dans l’analyse de ce que chacun fait du don de Dieu, regardons, éblouis, ce Dieu qui nous fait confiance, qui nous fait confiance. Il connait nos limites et pourtant sa confiance est totale. Il ne demande rien. Il donne, car vous le remarquerez, à son retour, il ne reprend pas ce qu’il a confié. Il s’enquiert simplement de ce que chacun a fait du don reçu.

Dieu commence donc par donner. En ces temps difficiles où nous sommes livrés au bon vouloir d’un virus qui engendre la peur, nous osons contempler, le coeur plein de joie, celui qui nous fait confiance. Mais la confiance de l’autre me responsabilise. Aux mariages, j’aime dire aux nouveaux époux que chacun est maintenant le gardien de la confiance de l’autre. Il en est de même avec le Seigneur. Cette confiance qu’est-ce que je vais en faire ?

On le voit bien dans la parabole : les deux premiers ont pris des risques. Cela signifie bien que sans confiance, le don de Dieu est stérile. Les deux premiers serviteurs ont eu confiance dans leur maître. Ils ont alors osé se lancer et faire fructifier les dons reçus. Etre de bons et fidèles serviteurs, cela suppose donc la confiance. Quant au troisième, il n’a pas accueilli la confiance du Maître. Il a sur lui un regard inquiet. La peur l’habite. Pour lui, le Maître est dur. Il n’éprouve envers lui ni confiance, ni affection. Il rend ce qu’il a reçu et qu’il avait enfoui. Il s’en débarrasse.

Dimanche dernier, notre attention se portait sur la nécessité de veiller dans l’attente du retour du Maître. Aujourd’hui, nous voyons que veiller ne suffit pas. La fidélité c’est agir. L’infidélité, c’est la paresse. La confiance du maître est un appel à agir, à prendre des risques. C’est là que la confiance se multiplie. : en se partageant sans cesse.

C’est aujourd’hui la journée nationale du Secours Catholique. C’est l’occasion d’agir, de donner, de se donner pour le service des pauvres. Notre foi n’est pas un bien à consommer mais un appel à agir pour transformer ce monde. Il y a tant à faire.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus disait que « c’est la confiance rien que la confiance qui peut nous conduire à l’amour ». Le Maître, à son retour, ne demande pas de compte, ne reprend pas son bien. Mais il est heureux de voir que, pour deux de ses serviteurs, la confiance s’est multipliée. Pour le 3ème, il n’a pas accueilli son talent comme une marque de confiance, comme un don. Il l’a reçu comme un objet dont il avait la garde. Il veillait sur ce trésor enfoui et l’a remis tel quel à son maître. Il n’est pas devenu comme son maître, riche de partager la confiance. Il est resté esclave, il n’est pas devenu fils. Nous voyons bien que la peur paralyse. Nous voyons aussi que la confiance libère les énergies. Notre veille dans l’attente du retour glorieux du Maître n’est pas une attente craintive et inactive. Elle est une confiance qui ne cesse de croître et porter du fruit en collaborant par toute notre vie à l’œuvre de Dieu qui sauve le monde.

Chers amis, retenons deux richesses au terme de cette méditation :

  • L’émerveillement devant le don de Dieu. Que c’est beau d’être aimé comme ça !
  • La confiance partagée ne cesse de fructifier. Et le fruit de la confiance, c’est l’amour. Lui seul peut tout renouveler là où la peur anéantit l’intime de chacun.

Le Seigneur vient, de quoi, de qui, aurions-nous peur ?

Homélie du Père Michel Desplanches – Dimanche 15 novembre 2020