« Le mystère de l’incarnation » : l’homélie du Père Michel Thiaw pour le 4ème dimanche de l’Avent

Pour le 4ème dimanche de l’Avent, le Père Michel Thiaw, curé de l’unité pastorale ELSA (Eyguières, Lamanon, Sénas, Aureille), nous évoque l’incarnation du Christ comme l’événement le plus incroyable de notre humanité.

 

Qu’est-ce qui distingue le christianisme des autres religions ? Le Christ bien sûr, le Fils de Dieu devenu homme au milieu des hommes. « Au commencement était le Verbe, écrit Saint Jean, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu… Tout fut par lui et sans lui rien ne fut » (Jn. 1, 1-2). Être chrétien c’est croire en Jésus-Christ l’Emmanuel, « lui qui était de condition divine…mais qui s’est abaissé prenant la condition d’esclave » (Ph. 2, 6), allant même jusqu’à l’humiliation de la croix. Nous ne serions pas chrétiens si nous ne portions pas cette foi dans notre cœur, et ceux qui se disent non-chrétiens le resteront aussi longtemps qu’ils ne verront dans le mystère de l’incarnation qu’un mythe, une fantaisie ou une pure folie.

La foi en l’incarnation – « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » – est bien un signe distinctif du christianisme (cf. CEC N°463). C’est par Jésus-Christ, Fils de Dieu fait chair, que nous voyons et connaissons Dieu. Pascal, dans ses « Pensées » l’exprime avec toute la vigueur de sa foi : « Non seulement, écrit-il, nous connaissons Dieu à travers Jésus-Christ, mais nous ne le connaissons que par Jésus-Christ… En dehors de Jésus-Christ nous ne savons pas ce que sont la vie et la mort, Dieu et nous-mêmes ». L’Emmanuel c’est le miroir qui nous révèle le dessein de Dieu sur nous-mêmes et sur l’ensemble de la création. C’est par lui, « Dieu né du vrai Dieu, Lumière née de la Lumière » que nous découvrons l’amour passionné du cœur de Dieu, un amour qui dépasse toute mesure et qui nous fait prendre conscience de notre péché comme d’un manque d’amour, une sécheresse des cœurs.

L’Incarnation du Christ c’est l’événement le plus grand, le plus merveilleux, le plus imprévisible et le plus sublime, mais aussi le plus « incroyable » de toute l’histoire. Mettons-nous un instant à la place de Pierre, de Jean ou encore de Paul, Paul qui lui était destiné au rabbinat et qui affiche toujours très fièrement son identité, d’« hébreux, fils d’hébreux », formé et éduqué aux pieds de Gamaliel, donc dans la rigueur de la Loi ancestrale ! Pour ces Apôtres, Dieu c’est l’unique, le Transcendant, l’Insaisissable. Au moment où le Christ les invitait à le suivre, ils sont encore très attachés à leur foi juive qui considère comme blasphématoire et idolâtrique de décerner la divinité à un homme. C’est donc inimaginable le chemin que ces hommes ont dû parcourir et tout ce qu’ils ont vécu comme bouleversements dans leurs chemin de vie et de foi. Par contre le résultat est extraordinaire : c’est une conversion radicale qui les amène à confesser « le Christ puissance et sagesse de Dieu » (1 Co, 1-24), totalement Dieu et totalement homme. « Le Verbe s’est fait …nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient du Père comme Fils Unique plein de grâce et de vérité » (Jn. 1, 14).

De toute l’histoire de l’humanité, aucun fait ou geste, ni aucune parole n’ont pu à ce point changer des vies et amener des hommes tellement attachés à la vie et en même temps si lucides, clairvoyants et prudents, à préférer le martyre plutôt que de renier leur foi, et il faut le préciser, une foi qui n’a rien à voir avec la sagesse du monde et des hommes. Et comprenons bien, ce qui les a motivé ce n’est ni l’appât du gain, ni la célébrité. Au contraire ! Leur unique richesse c’est leur foi au Christ, elle a fera d’eux des êtres exceptionnels ; elle continue aujourd’hui encore de faire des Saints en grand nombre et même de convertir le monde entier à la justice et à l’amour, lentement mais sûrement.

À quelques jours de Noël, une petite méditation quotidienne sur ce mystère du Christ-Incarné, notre Rédempteur et seul Modèle de sainteté, nous ferait certainement beaucoup de bien ; nous trouverons dans ce cœur à cœur avec Dieu des motifs de joie et d’action de grâces permanentes.

 

Père Michel Thiaw