« Revenez au Seigneur, car il est tendre et miséricordieux » : l’homélie du Mercredi des Cendres de Mgr Dufour

Avec l’entrée en Carême marqué par la célébration du Mercredi des Cendres, Mgr Dufour nous invite à prendre des engagements en actes et en paroles sur trois points : la prière, l’aumône et le jeûne.

 

« Revenez à moi » dit Dieu par la bouche de son prophète. Dieu voit que notre vie est difficile. Il voit notre épuisement après deux ans de lutte contre le coronavirus. Il voit tout le mal que nous nous faisons les uns aux autres. Il voit la guerre, « une guerre mondiale par morceaux » disait déjà le pape François il y a cinq ans. Et celle déclarée par le russe Poutine est un morceau de plus, cruel et humiliant. « Revenez à moi » dit Dieu. « Revenez au Seigneur, dit le prophète, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour ».

Dieu aurait pourtant de quoi se mettre en colère, mais il a pitié de notre misère et il nous supplie de revenir à lui. Le carême est le temps d’un grand retour à Dieu. Frères et sœurs, quels signes donnerons-nous pour dire à Dieu que nous revenons à lui ? Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous donne trois pistes pour que nos belles dispositions de carême ne soient pas seulement de belles paroles, mais aussi des actes et un engagement de tout notre être : la prière, l’aumône et le jeûne.

  • La prière

Revenir à Dieu par la prière. Nous laisser habiter par le Christ Jésus. Lui donner des rendez-vous, ou plutôt répondre à ses rendez-vous. Le matin pour le saluer et lui offrir notre journée. Le soir pour se remettre en sa présence avant la nuit : merci, pardon, s’il te plaît. Se nourrir chaque jour de la Parole de Dieu. Se préparer au rendez-vous de la messe du dimanche. Oui, pendant ce carême, revenons à Dieu par une prière plus fervente et engagée.

  • L’aumône

Revenir à Dieu par l’aumône. La prière ouvre le cœur, elle met en nous le désir d’imiter le Christ Jésus. Soyons attentifs à nos proches, comme l’était Jésus qui voyait sur sa route tous ceux qui étaient dans le besoin. Imiter sa bonté en mettant en pratique les œuvres de miséricorde décrites au chapitre 25 de l’évangile de Matthieu. Faire notre B.A., notre bonne action chaque jour, dans le secret.  Oui, pendant ce carême, revenons à Dieu par l’aumône de notre argent, de notre temps, de notre cœur.

  • Le jeûne

Je vais insister cette année sur le jeûne. Face à la guerre, le pape François nous a invités à prier et à jeûner. La prière et le jeûne sont les armes du chrétien contre le mal. Au chapitre 9 de l’évangile de Marc, les apôtres viennent avouer à Jésus qu’ils n’ont réussi à chasser le mauvais esprit qui malmenait un homme. « Cette espèce d’esprit mauvais, dit Jésus, rien ne peut le faire sortir, sauf la prière et le jeûne ».

Comment jeûner ? Jeûner, c’est faire l’expérience du manque, le manque de quelque chose qui nous est essentiel. Le jeûne n’est pas un exploit, nous risquerions d’en tirer orgueil. Le jeûne est une humble prière où le corps et le cœur sont unis pour implorer le Seigneur. Le jeûne de nourriture creuse le désir de Dieu en notre âme qui se laisse ainsi combler par l’amour et la tendresse de Dieu. Le jeûne nous fait communier à Jésus dans son combat contre Satan. Le jeûne nous fait communier à toutes les personnes qui souffrent pour les porter au Christ Sauveur. Le jeûne est une forme de protestation non violente contre la guerre et l’injustice ; en ce sens le jeûne est politique. Le jeûne se changera en chants de victoire le matin de Pâques pour acclamer le Ressuscité.

Comment allons-nous faire l’expérience du jeûne ? Chacun choisira personnellement quel manque il va s’imposer pendant ce carême. Il pourra aussi choisir de jeûner avec d’autres. Je vous propose une idée expérimentée par un groupe de paroissiens de Paluds de Noves. Avec 12 personnes, ils forment une chaîne de jeûne. Chaque participant jeûne l’un des 12 repas de la semaine. Des intentions de prières sont proposées chaque jour, le responsable du groupe les recueille et les transmet aux autres. Intentions des membres du groupe, intentions données par des paroissiens, intentions que la prière inspire à chacun.

Frères et sœurs, je vous souhaite de vivre un carême fervent, un carême qui plaise au Seigneur. Que le Prince de la paix bénisse votre jeûne pour la paix et votre marche vers la lumière de Pâques. Amen.

 

+ Mgr Christophe Dufour

Archevêque d’Aix et Arles