« Ouvre-toi » pour recevoir la Parole… et parler au nom de Jésus !

Une vingtaine de prêtres du diocèse ont vécu un temps de ressourcement à Sainte-Garde (Vaucluse) du 10 au 15 février 2019. Cette retraite, prêchée par soeur Anne Lécu, religieuse dominicaine, avait pour thème « Être bonne odeur du Christ ». Dans l’homélie prononcée le 15 février pour la messe d’action de grâces, Mgr Christophe Dufour est revenu sur la parole de Jésus « Effata ! Ouvre-toi » .

Au milieu des « bruits du monde », le Christ interpelle personnellement chacun de nous comme il l’a fait avec la personne sourde de l’Évangile. Dans un contexte où nous avons « encore tant de mal à trouver les mots justes pour annoncer à nos contemporains l’Évangile », Mgr Dufour a rappelé que le Seigneur nous adresse une double invitation : être ouvert non seulement à sa Parole chaque jour mais aussi à celle qu’il nous inspire « pour parler en son nom » et devenir ainsi davantage témoins du Christ ressuscité.

« Nous avons à vivre un combat spirituel » : Mgr Dufour est aussi revenu sur le serpent de la Genèse, « menteur et accusateur ». Il a invité ses prêtres à être « forts », à ne pas fuir le « combat même de Dieu en notre humanité ». Pour cela, le Christ nous précède puisqu’il a vécu lui-même cette lutte « dans sa chair, jusque dans son agonie, sa passion et sa mise à mort ». Comme les premiers chrétiens « surpris de la violence du combat de la foi », nous pouvons être tentés de « déserter la foi chrétienne » sous prétexte qu’elle ne conduit pas « à une vie meilleure ».

Enfin, Mgr Dufour a exhorté ses prêtres à demeurer dans « l’espérance », en ne tombant pas dans le piège qui consiste à « compter [ses] troupes ». Pour cela, il a proposé le chemin tout simple de la contemplation. A la lumière de l’Esprit-Saint, les motifs d’émerveillement ne manquent pas : les « humbles chrétiens de nos communautés », tous les « priants », ceux qui servent « sans bruit, généreusement, silencieusement ». Pour conclure, faisant allusion au thème de la retraite, il a encouragé les pasteurs à respirer « le parfum des saints de notre peuple ».

Retraite des prêtres à Sainte Garde – Messe d’action de grâces – Vendredi 15 février 2019
(Textes du vendredi de la 5ème semaine du temps ordinaire)

« Effata ! Ouvre-toi ». Jésus a emmené à l’écart cette personne sourde qui a de la difficulté à parler. Il lève les yeux au ciel, il y prend son souffle et dit : « Effata ! » C’est la parole que j’aurai la joie de prononcer sur les catéchumènes le jour de leur appel décisif : « Effata : ouvre-toi, afin que tu proclames la foi que tu as entendue pour la louange et la gloire de Dieu ».

Pendant ces quelques jours, Jésus nous a emmenés nous aussi à l’écart, nous qui sommes encore sourds à sa parole, ou du moins assourdis par les bruits du monde, notre ego ou les soucis de la vie. Nous qui avons encore tant de mal à trouver les mots justes pour annoncer à nos contemporains l’évangile de paix. De tout son souffle, tout au long de cette retraite, Jésus a prononcé sur nous son « Effata ». C’est vraiment la grâce que nous demandons en ce dernier jour :

– être ouvert à sa parole chaque jour ;

– être ouvert à la parole qu’il nous inspire pour parler en son nom.

Mais je veux revenir sur le Serpent de la Genèse, menteur et accusateur. Il fait vraiment beaucoup de dégâts. Méfions-nous. Soyons forts. Nous avons à vivre un combat spirituel, le combat même de Dieu en notre humanité, celui que le Christ a vécu dans sa chair jusque dans son agonie, sa passion et sa mise à mort. Soyons forts, de toute notre force d’âme. Mais soyons forts avant tout dans la foi que le Serpent est vaincu. Il a pour toujours été cloué à la Croix dans la chair du Christ.

Je relisais hier soir les pages de l’Apocalypse qui parle du Serpent des origines, l’Accusateur, que l’on appelle aussi le grand Dragon (Ap 12,3), le Diable et le Satan (Ap 20,2). Les premiers chrétiens ont été surpris de la violence du combat de la foi qu’ils auraient à vivre. Ils pensaient sans doute, comme nous le pensons parfois, que le choix d’être chrétien devait les conduire à une vie sans épreuves. Et voilà qu’ils étaient persécutés. La tentation fut grande de déserter la foi chrétienne puisque, en apparence, elle ne menait pas à une vie meilleure.

Le visionnaire de l’Apocalypse témoigne de la victoire de l’Agneau immolé. Il voit le Serpent des origines, l’accusateur de nos frères, rejeté, vaincu par le sang de l’Agneau (Ap 12,10). Il voit les saints de la terre et du ciel ne former qu’un seul chœur et chanter d’un seul cœur. Chaque liturgie sur la terre est déjà une liturgie céleste, autour du Christ vivant, ressuscité. L’ange porte l’encens (Ap 8,3). Les quatre vivants et les vingt-quatre anciens tiennent des coupes d’or pleines de parfums qui sont les parfums des saints (Ap 5,8).

Que cette retraite ravive en nous l’espérance. Nous sommes les témoins du Ressuscité. Nous n’avons pas à compter nos troupes – ce fut le péché de David dont Dieu a changé le cœur en lui donnant, dans une vision célèbre, d’apercevoir l’ange exterminateur à qui Dieu avait dit « Stop ! » (I Ch 21,16). Nous avons à contempler l’œuvre de l’Esprit Saint et à nous en émerveiller. Regardons ces humbles chrétiens de nos communautés. Regardons ces priants. Regardons ces humbles serviteurs qui se donnent sans bruit, généreusement, silencieusement. Regardons briller la foi et la charité. Respirons le parfum des saints de notre peuple. Demeurons des passionnés du Règne du Christ et rendons grâce d’avoir été choisis pour en être ses témoins et ses ouvriers. Le reste appartient à Dieu. AMEN.

Textes du vendredi  5e semaine du TO