« Avec Lazare, Jésus nous révèle l’amour infini de Dieu »

Monseigneur Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles s’arrête sur deux phrases de l’Évangile: « Voyez comme il l’aimait » répond à « cette maladie est pour la gloire de Dieu » dans son homélie du dimanche 29 mars 2020.

« Voyez comme il l’aimait ». Je retiens cette parole de ce long récit de la résurrection de Lazare. Nous avons nous aussi très envie de voir, n’est-ce pas ?

Mais il y a aussi dans ce récit une parole étrange. Elle concerne la maladie. Cette parole est pour nous, mais elle nous heurte. Je cite : « Cette maladie est pour la gloire de Dieu afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié ». Cette maladie du coronavirus est-elle donc pour la gloire de Dieu ? Est-ce vraiment le sens de l’épreuve que nous vivons ? Regardons de plus prés.

Cette épreuve est d’abord un défi pour nous, les humains : saurons-nous vaincre la maladie ? Les grands pontes de la recherche médicale s’activent, notre marseillais, le professeur Raoult fait la course dans le peloton de tête. Défi pour les humains. Mais savez-vous que c’est  Dieu lui-même qui nous a lancé ce défi. Souvenez-vous… Au commencement, le Créateur dit à l’homme : « Dominez la terre et soumettez-la ». Dieu nous appelle à dominer le terre. Dominer non pas pour la piller, mais pour vaincre les fléaux qui l’accablent. L’épreuve de l’épidémie est un défi à l’humanité.

Un défi, oui. Mais l’épreuve  nous fait aussi prendre conscience de notre fragilité. Dominer la terre, oui, nous le pouvons puisque Dieu lui-même le dit. Dominer la terre, oui, nous sommes appelés à lutter contre le mal sous toutes ses formes. C’est l’engagement de notre baptême que nous renouvellerons dans la nuit de Pâques. Dominer la terre, vaincre le mal, oui, nous le pouvons, mais pas tout seuls. Nous vaincrons le mal à condition de prendre la main que Dieu nous tend en Jésus. Nous vaincrons le mal en faisant alliance avec Dieu. Nous ne vaincrons pas seuls tous les maux de la terre. Nous ne pourrons pas rétablir par notre seule force l’harmonie de la Création. Nous mettons notre confiance en l’alliance que Dieu a signée dans le sang de Jésus. Dieu avec nous, Dieu qui a ressuscité Jésus crucifié d’entre les morts.

Reprenons maintenant  ces deux paroles relevées dans l’évangile de ce jour. L’une est de Jésus : « Cette maladie est pour la gloire de Dieu ». L’autre est de la foule : « Voyez comme il l’aimait ». La seconde répond à la première.

Relisons brièvement ce beau récit de la résurrection de Lazare.

Jésus s’est éloigné de Jérusalem où les grands prêtres complotent pour le tuer. Marthe et Marie font dire à Jésus que son ami est malade. Et Jésus ne vient pas. Du moins pas tout de suite. Et il répond cette parole étrange : « Cette maladie est pour la gloire de Dieu ». Dieu aurait donc créé la maladie pour sa gloire ?

Deux jours après, Jésus décide d’aller auprès de Lazare. Marthe, sœur de Lazare, apprend que Jésus arrive, elle court à sa rencontre. De cette rencontre, nous retenons sa prière et son acte de foi. Sa prière exprime une déception : « Lazare est mort, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Pourtant elle garde confiance : « Oui, Seigneur, je crois que tu es la Résurrection et la vie ».

Jésus arrive près du tombeau. Il voit tout le monde pleurer. Il est bouleversé par l’émotion et il pleure lui aussi. C’est alors que tous s’écrient : « Voyez comme il l’aimait ». Qu’elle est belle cette parole de la foule. Lumineuse, elle éclaire l’épreuve que nous vivons.

« Voyez comme il l’aimait ». Jésus, homme parmi les hommes, humain, profondément humain, nous révèle l’amour infini de Dieu. « Voyez comme il l’aimait ». Dans l’épreuve, notre regard se porte aujourd’hui vers Jésus. Victime lui aussi de la violence, du mal et de la haine, il est le phare qui illumine l’histoire humaine, il révèle l’infinie tendresse de Dieu, sa divine miséricorde, son éternel Amour, vainqueur de tout mal. « Oui, Seigneur, je crois, dit Marthe à Jésus, tu es le Christ, tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ». Seigneur Jésus, nous savons que tu nous aimes. Tu es la Résurrection et la Vie, nous mettons notre confiance en Toi.

Chers amis, la maladie révèle les trésors d’amour que nous portons, trésors de solidarité et de charité.  Nous en faisons l’expérience.

Regardez les soignants, tous ceux qui prennent des risques pour leur vie dans le but de sauver leurs frères. Voyez comme Jésus les aime.

Regardez les personnes malades, ceux qui sont inquiets pour leurs proches. Voyez comme Jésus les aime.

Regardez notre pauvre humanité, blessée, misérable, qui se bat fièrement contre l’épidémie. Et voyez comme Jésus l’aime. L’Amour vaincra. AMEN.