Je ne suis pas venu apporter la paix mais la discorde

Intervention du père Manzano le 24/05/18, dans le cadre de la formation des visiteurs

St Luc 1251 : « Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien la division. Désormais, en effet, dans une maison de cinq personnes, on sera divisé trois contre deux et deux contre trois : on sera divisé père contre fils et fils contre père, mère contre sa fille et fille contre sa mère, belle-mère contre sa bru et bru contre sa belle-mère». Ce passage est un enseignement sur le choix radical de préférence du Christ pour être apôtre, contre la méfiance, la suspicion et l’indifférence. Faire la paix/avoir la paix, saint Jean parle de laisser passer la paix. La véritable nature chrétienne de notre mission est d’entrainer la paix contre la discorde. Nous devons porter cette mission contre ce que conçoit le monde

                 

1/ La paix selon le Christ

L’apôtre fait le choix radical du Christ. Il est envoyé par un monarque comme ambassadeur. Il est son représentant ; il rend présent le Christ.

Ce qui habilite l’apôtre est la relation vivante avec le Christ Vivant. Nous apportons le rayonnement de cette relation. « C’est un feu que je suis venu apporter », par sa mort et sa résurrection. C’est la passion du Père qui ressuscite le Christ, qui lui redonne sa vie, lui donne tout. C’est le même mouvement du père et du fils.

St Jean : « Dieu est Amour », cet amour se transforme en passion.

Qu’est-ce qu’un moment de paix ? la plénitude liée à l’expérience d’un amour inconditionnel. Tout être humain veut être aimé de cet amour. L’emmerdeur  cherche à se faire remarquer parce qu’il recherche l’amour éternel et sans condition.

Le baptême est donné par l’amour inconditionnel que nous apporte Jésus dans la relation avec Lui. Il nous libère de la tyrannie du : « et moi, tu m’as remarqué ? » et nous donne la paix. Laissons-nous interroger : « crois-tu en cet amour ? » La réponse fait passer un glaive en nous, aimons-nous l’amour ou pas ? qui nous détache de nous-même et nous fait accéder à l’amour désintéressé jusqu’à nous déposséder du Salut (Ste Catherine de Sienne). L’Esprit Saint pousse le Christ et Dieu à se déposséder. C’est la charité excessive de Dieu.

Cette radicalité fait écho dans la conscience de l’autre. Le chrétien porteur de son feu est porteur de ce fer rouge qui réveille les consciences. La dernière idole que nous devons sacrifier est nous-même, d’où la division, pour obtenir la paix. Donner Dieu comme il veut être donné, par excessive charité gratuite. Ne pas marchander une image de Dieu pour la rendre plus acceptable.

 

2/ Comment cette vision de la paix nous libère, pour l’offrir à Dieu ?

Prendre conscience de sa propre valeur : Contre la vision mondaine de la Croix et de la foi, la foi chrétienne n’est pas un message ou un système de valeurs pour bien se comporter en société.

Mysticisme/mystique : Je marchande aux autres que le christianisme est un arrière monde dans lequel je me console de ce monde. L’Esperance chrétienne n’est pas l’optimisme.

Religion, structure à faire grandir : l’Eglise n’est pas faite pour exister mais pour donner.

 

3/ Laisser passer la paix

Ne pas vouloir avoir raison mais rendre raison du mystère trinitaire qui est en moi : voilà ce que je vis, ce que je crois. La gratuité n’est pas négociable : Aimer l’autre parce qu’il existe et que cela est bon.

2 attitudes de l’amitié :

Apprendre à être humain avec le frère pour lequel Jésus-Christ est mort. Derrière la personne la plus désagréable, il y a toujours une recherche, une souffrance, une attente de réaction. Rappeler les causes juridiques de la présence à l’hôpital. Rappeler la politesse. La foi fait tenir debout. L’ultime arme est la prière d’intercession.

Offrir la souffrance rencontrée à Dieu. On peut être en paix car en relation avec Dieu.

 

Questions :

  • Comment puis-je lire les déconvenues, les difficultés ? Peut-on y lire une attente ?
  • Quelle est la vision de la mission chrétienne ? Que puis-je y apporter ?
  • Est-il possible de concilier en moi la paix et la souffrance du refus ?