Pèlerinage des collégiens à Lourdes : à la recherche de la foi

laumnerie-de-la-cote-bleue-devant-la-basilique-du-rosaire-300x225Du 18 au 22 avril, plus de 400 collégiens du diocèse d’Aix et Arles se sont rendus en pèlerinage à Lourdes, accompagnés de Mgr Dufour, ainsi que de leurs prêtres et animateurs.

Le sens du pèlerinage

Le pèlerinage commence vraiment dans le car, où Monseigneur Dufour, archevêque du diocèse d’Aix et Arles, répond à la question qui trotte dans ma tête depuis un moment : « À cet âge-là, on se fiche pas mal des bondieuseries, alors qu’est-ce qu’un pèlerinage comme celui-là peut bien apporter à des collégiens ? » « La découverte de Bernadette et de sa rencontre avec Marie, affirme l’évêque. Elle avait leur âge et le message de Lourdes est un message tout simple : prier. La découverte de la prière et de l’Église. Découvrir l’Église comme une grande famille, la famille de Dieu. Les adolescents en classe de 4ème et de 3ème découvrent aussi le service des personnes malades. Il est très important à cet âge de se sentir utile. »

Pour Emmanuel, adulte animateur de la paroisse de Marignane, les collégiens ont chacun quelque chose à vivre dans ce pèlerinage. Lui-même n’était pas baptisé en 2008, et c’est pourquoi Lourdes est un lieu important pour lui, à l’image de tant d’autres croyants : « Marie m’a guidé vers le Christ, vers le baptême. Elle rassemble les enfants de Dieu dispersés ». Je m’adresse maintenant à l’un des collégiens présent à côté de lui et le questionne sur sa motivation pour venir à Lourdes : « Pour confirmer ma foi, affirme Cyril. Est-ce qu’au fond de moi j’ai vraiment envie d’être chrétien ? »

La vie de pèlerin : une vie bien remplie

À l’arrivée à Lourdes, la vie s’organise. Heureusement, pas de matines à 5h du matin ! À 9h, nous prenons ensemble un temps de louange, où l’on découvre les psaumes, ces prières millénaires de la Bible que le Christ lui-même chantait. Ensuite, un enseignement par âge permet aux collégiens d’approfondir leur foi, en attirant leur attention sur des éléments, comme la messe par exemple, qu’ils vivent déjà mais peut-être sans savoir pourquoi. Prêchées par les prêtres de notre diocèse, ces catéchèses ouvrent les apparitions de la Vierge à Lourdes sur une grande Histoire du Salut qui nous concerne personnellement, car il s’agit de l’histoire d’amour d’un Dieu qui cherche l’Homme. On approfondit cet enseignement par un temps d’échange en petits groupes et quelques jeux dans “la prairie” du sanctuaire.

Après le déjeuner, commencent les activités de l’après-midi. Elles sont très riches et variées : visite des lieux-clés de la vie de Sainte Bernadette, témoignages de personnes travaillant à Lourdes, service auprès des malades, sacrement de réconciliation. Les jeunes ont aussi l’occasion d’aller aux « piscines » pour être plongés dans l’eau de la source miraculeuse. C’est ce qui a le plus marqué Maxime de la paroisse de Martigues lors de sa dernière venue au sanctuaire il y a deux ans : « ça faisait du bien. Je le referai tout à l’heure ».

Les Jeunes animateurs avec le Christ (JAAC) sont là pour faire vivre ces ateliers. Reconnaissables par leur T-shirt jaune, ils se mettent joyeusement au service du peuple de Dieu dès l’âge du lycée, comme en témoigne Eliana, élève de seconde du lycée La Nativité à Aix-en-Provence (photo ci-contre) : « Je me suis lancée il y a un an. Au début, je me suis dit que ça allait être un peu difficile comme je ne connaissais personne, mais pas du tout. Je ne regrette pas ! » Les JAAC forment une équipe remarquable, formée durant deux ans, au rythme de plusieurs week-ends.

Jeudi matin, Mgr Dufour s’est exprimé à la radio sur RCF grâce aux équipes multimédia des diocèses de Metz et d’Avignon. Il a parlé de cet élan missionnaire qui traverse l’Église, et de ce qu’il appelle le déclic : la prise de conscience que « nous avons la responsabilité d’une Église en croissance ».

Deux témoignages offerts aux jeunes : la famille Berger et le bureau médical de Lourdes

Parmi les activités de l’après-midi, les collégiens ont eu l’occasion d’écouter plusieurs témoignages, dont deux particulièrement marquants.

D’abord celui de la famille Berger : Alain et Martine, eux-mêmes porteurs de handicap, ont adopté neuf enfants handicapés. Deux sont au ciel aujourd’hui. Quatre sont présents devant nous et témoignent de la joie d’avoir une famille. Quentin, le plus bavard (photo ci-contre), s’empresse de raconter ses activités de la semaine : natation, équitation, football et il sera bientôt ceinture verte de judo ! Les jeunes collégiens sont ébahis devant le « miracle » de cette famille, qui a vraiment sa place à Lourdes.

Le docteur Alexandro de Francisis, lui, est chargé depuis 2009 d’authentifier les « guérisons non expliquées par la science aujourd’hui ». On en dénombre près de 7300 depuis le début des apparitions, et seulement 69 ont été reconnues officiellement par des évêques comme des signes pour la foi.  Le docteur italien s’adresse aux jeunes en français, en leur expliquant que « Lourdes n’est pas une clinique », car il y a trop peu de guérisons par rapport au nombre de pèlerins qui viennent chaque année… Pour lui, Lourdes est d’abord un sanctuaire, c’est-à-dire un lieu de rencontre entre Dieu et le pèlerin. Les miracles opérés par Jésus dans l’Évangile sont importants, non pas en tant que guérison physique et temporelle, mais en tant que signe manifestant la proximité de la Miséricorde divine et le salut apporté aux hommes. Le médecin raconte que dans chaque guérison « miraculeuse » de Lourdes, la personne « sent que sa vie recommence », qu’il lui est donné d’entrer dans une vie nouvelle. Mais si les miracles nous permettent de croire, Dieu ne nous y contraint jamais : dans chaque miracle « il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire », écrivait Blaise Pascal.

Pris au vol

« J’aime ce pèlerinage car je vois plus mes amis ici à Lourdes que chez moi », s’exclame Héloïse, en classe de 5èmeà Gardanne. Demandez-lui si la vie de Sainte Bernadette l’a touchée, elle vous répondra simplement : « Oui. Tout le monde disait qu’elle était folle et elle s’en fichait. Au contraire, nous, on essaie souvent de ressembler aux autres. Moi, je voudrais ressembler à moi-même. »

La démarche de pèlerinage bâtit la personnalité et construit de solides amitiés. Je m’approche de deux jeunes filles rieuses qui filment un groupe de pèlerins, leur demandant de décoller du sol tous en même temps. Elles ne sont ni collégiennes, ni JAAC, ni animatrices. Elles sont venues avec l’équipe multimédia : « Nous étions très motivées pour aller à Lourdes ! Nous sommes devenues très proches parce qu’on était ensemble en pèlerinage à Assise », déclarent Erika et Clara, en classe de première près de Carry-le-Rouet.

Le temps du bilan

Le dernier jour du pèlerinage est arrivé, avec sa messe d’envoi dans la splendide basilique du rosaire. Après l’Évangile des noces de Cana, notre archevêque interpelle les collégiens qui répètent avec lui les quatre fondamentaux du chrétien : « partager, faire le bien, dire toujours la vérité, mettre Dieu à la première place ». À ceux qui parmi eux seront appelés au mariage, il adresse un message : « Les garçons, respectez très fort les filles. Comme mon propre père me disait, on ne frappe jamais une fille, même avec une fleur. Les filles, respectez les garçons ; ils jouent les durs, mais ils sont fragiles parfois ! ». Il aborde la transmission de la vie comme un mystère : « ne vous moquez pas de ce mystère, c’est le plus grand des mystères ».

Juste avant la bénédiction finale, Mgr Dufour invite les jeunes qui seront confirmés cette année à s’avancer devant l’assemblée et à prendre au sérieux le don de l’Esprit Saint qui leur sera fait (photo ci-contre). Puis nous allons joyeusement rejoindre nos cars. L’archevêque m’explique alors qu’il est important pour les jeunes de relire ce qu’ils ont vécu en apprenant à mettre des mots dessus, sans quoi l’expérience ne porterait pas tous ses fruits de grâce et serait impossible à transmettre.

Personnellement, je repars convaincu que ce pèlerinage est un cadeau offert aux jeunes pour découvrir la richesse de l’Église comme famille de Dieu.

Jean-Philippe RENAUD, séminariste du diocèse d’Aix et Arles