Prenons soin de nos âmes : Edito de Mgr Dufour

« Ne craignez pas ce qui tue les corps, craignez plutôt ce qui tue l’âme ». Depuis la reprise de l’épidémie dans notre département, cette parole de Jésus me revient dans la mémoire de mon âme. Je pense à cette grand-mère qui faisait le choix de la tendresse et se laissait embrasser par ses enfants et petits-enfants. « Je mourrai toujours de quelque chose, disait-elle, du COVID ou d’une tuile qui me tombera sur la tête au coin de la rue ! » Elle ne craignait pas ce qui tue le corps, elle faisait le choix de ne pas laisser mourir l’amour. En contrepoint j’essaie de résister aux discours anxiogènes qui prolifèrent et qui tuent l’âme. Par exemple : cette petite vidéo du ministère de la santé dont la première séquence montre une merveilleuse et heureuse grand-mère entourée de ses petits-enfants qui viennent l’embrasser ; la seconde séquence montre la même grand-mère sur un lit d’hôpital, en réanimation. Voilà des images qui tuent l’âme. Marcel RUFO, pédopsychiatre à Marseille, mettait en garde contre ce type de discours qui traumatisent les enfants pour longtemps. Le virus qui tue l’âme est plus dangereux que celui qui tue les corps. Prenons soin de nos âmes.

En ce temps de rentrée, quelle boussole pourra nous guider sur un chemin de paix et de confiance, de sérénité et de joie ? Le soin de nos corps, bien sûr, ils sont les « temples de l’Esprit », dans l’obéissance aux mesures sanitaires qui nous sont demandées – l’obéissance pacifie et rend libre. Mais veillons surtout au soin de notre âme. Le Créateur a mis en nous cette âme précieuse, âme humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui nous rend capables d’aimer comme lui, âme fécondée par l’Esprit Saint qui la fait naître à la vie même de Dieu, la vie qui ne meurt pas, la vie qui est Amour, éternel Amour. L’âme est en nous une étincelle de Dieu. Prenons soin d’elle. Prenons soin les uns des autres. Par-delà les masques, portons les uns sur les autres un regard intérieur, rempli de cœur et de tendresse. Travaillons patiemment à guérir l’inquiétude et l’angoisse qui nous contaminent dangereusement. Dénonçons les discours qui se nourrissent de la peur. Tissons des relations de confiance. Et avec tous les croyants de la terre, faisons monter notre cri vers l’Eternel : « Père, délivre-nous du mal ». Ne laissons pas mourir nos âmes.

 

+ Christophe DUFOUR

Archevêque d’Aix-en-Provence et Arles