Homélies du pèlerinage des Saintes Maries, 24-25 mai 2023

Pèlerinage des Saintes Maries, 24-25 mai 2023

I. Homélie de la descente des châsses, dite « Salut aux Saintes », Mt 20,20-28

Au début de notre pèlerinage, nous marchons avec les saintes. De leur histoire nous savons bien des choses, comme à propos de Marie Salomé, l’une des deux Maries venues jusqu’ici dont, l’Evangile vient de nous parler… Mais avant de revenir à Marie Salomé, un mot sur sainte Sarah que vous honorez dans votre tradition. Nous savons que l’Ecriture nous dit que Jésus et ses disciples se déplacent et qu’ils sont accompagnés de quelques femmes, dont les deux saintes que l’Evangile nomme : Marie Jacobée et Marie Salomée, il y a aussi Marie Madeleine. On connait Marthe et sa sœur, une quatrième Marie encore. Mais il y avait d’autres femmes dont le nom s’est perdu. Vos traditions en nomment une, Sarah, et vous vous retrouvez en cette femme, disciple de Jésus, inconnue des Ecritures. Nous l’associons donc à notre prière, par respect pour vous, par respect pour votre tradition, par respect aussi pour l’Ecriture qui ne prétend pas avoir nommé et désigné tous ceux, très nombreux qui ont suivi et aimé le Christ. Sarah représente ainsi tous les disciples inconnus, tous ceux et celles qui ont aimé Jésus et qui l’ont suivi et ont servi l’Evangile. Aussi inconnus que nous le serons quand l’histoire ne retiendra pas notre nom.

Vivent les saintes Maries ! Et donc, vive aussi sainte Sarah.

Je voulais donc vous parler de Marie Salomé. Elle est l’épouse de Zébédée, un artisan pécheur du lac de Tibériade. Elle a de son mari au moins deux fils, Jacques et le plus jeune, Jean. Un jour, ces deux jeunes ont vu passer Jésus. Il les voit dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il proclame : « Convertissez-vous, le Royaume de Dieu est proche ! », et Il les appela : aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.

Du père, Zébédée, l’Evangile ne nous dit rien et on ne le voit jamais. Mais voici qu’on apprend ici que la mère, elle, est avec Jésus et ses deux fils. Faut-il s’en étonner ? Croyez-vous que cette maman aurait laissé ainsi son plus jeune fils partir comme ça derrière un inconnu ? Est-ce que les mamans ne se font pas du souci pour leurs fils ? Ah, au cours de notre pèlerinage, prions pour les mamans, pour les mères courageuses qui aiment leurs fils et se font du souci pour eux et pour ce qu’ils vont devenir ! Pour ces mamans qui prennent soin de leurs fils, qui pensent à eux tous les jours quand les enfants sont au loin !

Vivent les mamans et les saintes Maries !

Donc maman Zébédée, mère de Jacques et du jeune Jean se déplace de ville en ville avec Jésus et ses fils. Que peut-elle penser, cette mère, de ce qui arrive à ses fils, à ses enfants ? Mettez-vous à sa place ! Ce sont les fils qui ont été appelés, ce sont les mères qui suivent, je suppose qu’elle s’occupe de l’intendance, parce qu’il ne faut pas compter sur ces jeunes pour faire les courses et prévoir le repas ! Jésus, il ne multiplie pas les pains tous les jours !

Ah, au cours de ce pèlerinage, priez pour vos mères, jeunes gens et jeunes filles, et nous tous les plus vieux, prions pour nos mères qui ont rejoint le ciel, car elles nous ont portés dans leur sein, elles ont travaillé pour nous, elles se sont souciées de nous. Il fallait qu’elles trouvent de quoi nous nourrir, nous habiller. Avec les saintes de notre pèlerinage, prions pour nos mères ! Que nos saintes veillent sur elles, que nos saintes les encouragent, que nos saintes leur donnent la force d’aimer, la joie de croire, que nos saintes les soulagent de leurs soucis de maman ! Et que chacun, nous soyons plein de gratitude pour nos mères…

Vivent les saintes Maries !

Maman Zébédée suit donc ses fils. Qu’est-ce qui leur arrive ? Qu’est-ce qui habite le cœur des jeunes gens semblables aux fils de Zébédée ? Ils devaient en avoir assez de trimer dans la barque de leur père ! Se lever toutes les nuits, pêcher jusqu’au matin et ramener des filets, parfois pleins, parfois vides, puis vendre le poisson. Gagner trois sous aussitôt dépensés. Et cela jour après jour… Et voilà qu’un gars passe et leur promet… le royaume des cieux ! Ils n’ont pas hésité ! Ils suivent Jésus, ils l’ont pris pour maître. Qu’est-ce qu’ils attendent de ce maître ? Un messie, le libérateur, un chef peut-être qui leur apporte gloire et fortune. Ah, les mamans qui sont ici aujourd’hui doivent bien me comprendre : qu’est-ce qu’ils attendent les jeunes ? Qu’est-ce qu’ils espèrent ? Et cela vous fait du souci. Car s’ils attendent trop, s’ils espèrent trop, sûr qu’ils feront des bêtises. Combien de jeunes ne veulent pas de la vie de leurs parents ! Hélas ! Ils ont des rêves. Ils suivront le premier chef venu qui leur promet ce qu’ils rêvent. Fortune et gloire, souvent.

Prions lors de notre pèlerinage pour tous vos enfants, pour les jeunes gens et jeunes filles. Ils ont des rêves. Ils veulent une bonne vie. Une belle vie. Prions beaucoup pour tous ceux qui trouveront de mauvais maîtres, de mauvais chefs, des gens sans scrupule qui n’hésiteront pas à les tromper. Prions pour qu’ils écoutent leurs anciens (mais ils ne le font jamais…). Prions pour tous ces jeunes qui ont des rêves. Leur cœur est fait pour de grandes choses. Leur cœur est fait pour les grandes choses que Jésus peut leur donner et non pas le monde et la société. Prions nos saintes pour les jeunes, pour leurs rêves et pour qu’ils découvrent que le Seigneur peut combler leur cœur. Pas avec de l’argent, pas avec des bijoux ou de belles voitures. Mais avec la beauté de la vie, la joie d’aimer, la grandeur d’agir en être humain.  Prions pour eux avec les saintes Maries et sainte Sara.

Vivent les saintes Maries !

 

 II. Homélie de la « remontée des châsses », Mc 16,1-7

Voici que nous accompagnons les saintes vers la demeure où reposent leurs saintes reliques, après ces jours de pèlerinages, après ces jours de processions, de prières, d’échanges. J’espère que vous avez passé un beau pèlerinage. Qu’il vous a apporté beaucoup de joie. Qu’il vous a apporté la joie du Seigneur, le ressuscité, le vivant !  Acclamons le Seigneur de gloire avec les saintes Maries !

Vivent les saintes Maries !

« Il n’est pas ici, il vous précède en Galilée » ces femmes ont voyagé dans l’espace, dans le temps et dans le voyage intérieur de la foi. En cela, elles restent notre modèle. Elles ont été, devant le tombeau du Christ, destinataires d’un message de vie qu’elles ont porté en Galilée, déjà appelée Galilée des nations, car toutes sorte de peuples s’y mêlaient. Et de là, bien plus loin de l’autre côté de la mer. Parce que Jésus est ressuscité, parce qu’il est vivant et qu’il donne vie à chacun d’entre nous et parce qu’il donne vie à nos corps mortels, et parce qu’il a donné vie à ces femmes, Maries Jacobée et Salomé. Devant cette châsse qui contient les restes terrestres des saintes, nous ne sommes pas devant un tombeau : sinon pourquoi chanterions-nous autour ? Pourquoi nous réjouir ? Nous sommes devant la châsse de celles qui ont entendu ces paroles : « Il n’est pas ici, il est ressuscité ! ». Les restes mortels des saints, comme toutes les reliques de la tradition catholique ne sont pas des tombeaux, mais au contraire, le souvenir pour nous qui sommes sur la terre, de ceux et celles qui ont proclamé la résurrection, porté un message de vie. Nous pouvons entendre à notre tour, alors que nous déposons les restes mortels des saintes dans leur châsse, et la châsse dans leur chapelle séculaire. Regardez ici ! Voici l’endroit où nous les avons déposées, mais elles ne sont pas ici ! Elles sont avec le Seigneur, dans le règne éternel de l’amour divin. Regardez la châsse contenant leurs restes mortels, regardez la chapelle et entendez le message qu’elles-mêmes sont venues proclamer en Provence voici deux millénaires : elles ne sont pas ici, elles sont dans la patrie céleste, en compagnie du Seigneur, elles vous ont précédé dans la patrie céleste et là elles vous attendent avec tous les amis de Dieu ! Tous ceux qui ont aimé Jésus. Tous ceux qui ont vécu la vie de l’Evangile. De ce message de vie plus forte que toute mort, qu’elles sont venues porter sur cette terre de Provence, nous sommes désormais les dépositaires. Nous allons dans quelques heures rentrer chacun dans la Galilée de notre propre existence. Puissions-nous être des porteurs d’espérance, des témoins de l’Evangile de la vie, par l’intercession des saintes !

Vivent les saintes maries !

Durant des jours, les Saintes-Maries, la ville terrestre, a été envahie de fête, de réjouissances et de ferveur. Nous entendons de la musique et des chants sur les places et des cantiques et des prières dans l’Eglise et durant les processions. Nous sommes venus avec nos beaux habits et nos ornements liturgiques, avec les cierges, avec les habits colorés et les costumes de nos traditions mêlées et avec la foule qui se presse, nous célébrons non pas le monde de tous les jours, le quotidien de nos vies, mais ce à quoi nous sommes promis ! Ces fêtes existent, ce pèlerinage, ces célébrations pour que nous vivions des heures extraordinaires et parce que nous espérons et nous croyons que ces quelques heures extraordinaires, qui nous sortent de notre quotidien, sont comme une anticipation du Ciel ! Cela nous dépasse tous et cela ne nous appartient pas. Car le Ciel ne nous appartient pas lorsque le désir du Ciel envahit le cœur des hommes et des femmes qui viennent de partout pour le célébrer, l’espérer et l’anticiper ; nous en sommes tous et des acteurs et des serviteurs. La patrie céleste est un immense terrain où nous tous, qui sur cette terre ne sommes que de passage, des pèlerins, des voyageurs, tous errants en ce monde, nous sommes appelés pour nous réjouir dans la fête éternelle du banquet de Dieu, avec les chants des anges et des saints qui célèbrent la gloire de Dieu. Vous les Voyageurs, vous portez pour nous le témoignage et le rappel que tous, nous sommes pèlerins en définitive, tous voyageurs vers le terrain du Ciel réunis autour du Christ ressuscité, l’Agneau de Dieu qui a enlevé le péché du monde. Il essuie alors toute larme des visages des affligés de ce monde, il libère tous les prisonniers ; il brise toutes les chaines ; il met à bas toutes les injustices, et il enlève le vêtement de deuil, la souffrance, la tristesse qui si souvent recouvre notre tête et notre cœur. Ce que nous vivons en quelques heures, est l’anticipation de la promesse de Dieu ! Et tous ici, nous en sommes les serviteurs et les heureux témoins.

Alors merci aux saintes Maries qui nous donnent un avant-goût du Ciel

Vive les Saintes Maries !

Les saintes ont donc quitté le lieu où Jésus n’était pas, le tombeau vide et elles ont continué leur route, effrayées d’abord, étonnées, puis envoyées à l’autre bout de la mer par l’Esprit de pentecôte, que nous recevrons nous aussi dans quelques jours. Elles sont devenues des apôtres, elles avec les autres disciples qui les accompagnaient, ceux dont on a retenu le nom et les anonymes qui les accompagnaient, telle celle que vous nommez Sara, une des femmes qui aidaient ces deux Maries déjà âgées dans leur dernier voyage périlleux à travers la mer. Mais tous ces périls et toute cette entraide, tous ces voyage et ces déplacements, cette errance, tout cela c’était pour le Seigneur. Non plus dans l’épreuve mais dans la joie. Non plus dans la crainte, mais dans la force et le courage d’être apôtre, disciple de Jésus. De ne pas avoir honte d’être chrétien et d’en savoir l’honneur et la force et le prix ! Que cette force, les saintes Maries vous la donnent pour toute l’année, et rendez-vous l’année prochaine avant le rendez-vous du Ciel !

Vivent les saintes Maries et sainte Sara !