Homélies de Mgr Delarbre – Triduum Pascal 28 au 31 mars 2024

Homélies de Mgr Delarbre –

Triduum Pascal du jeudi 28 au dimanche 31 mars

Le chemin du disciple I :  Préparer le chemin

Le chemin du disciple. Durant ces jours saints, nous empruntons, aux côtés du Christ, le chemin du disciple. Nous allons assister au dernier repas du Seigneur et à l’institution de l’Eucharistie. Puis l’accompagner à Gethsémani pour veiller et prier avec lui. Demain nous serons témoins de sa passion et nous le porterons jusqu’au tombeau, puis nous reviendrons avec les femmes près du tombeau vide, nous courrons peut-être jusqu’à la pierre roulée. La Parole de Dieu nous en indique le tracé, la liturgie nous en fait vivre les déplacements et le célébrant ensemble, il s’ouvre sous nos pas, chemin pour notre vie et chemin du Royaume, chemin en notre humanité et chemin vers le Père. Il est le chemin qu’avait annoncé Jean le Baptiste : « une voix crie, dans le désert, préparez les chemins du Seigneur ». Nous connaissons en ce jour ce qui nous a été promis au tout début de l’année liturgique, dans l’attente de la nativité du Seigneur. Dans la crèche, l’enfant était couché et emmailloté, dans le tombeau, le corps de Jésus sera couché et enveloppé de linges. D’un mystère à l’autre, de l’évanouissement de la divinité dans l’humanité à la glorification de l’humanité ressuscitée dans la divinité, en passant par la déréliction ultime du corps supplicié, le chemin, comme tracé sur le corps même de Jésus, nous conduit de ce monde au Père.

Suivre le chemin du disciple, qui traverse les profonds paysages de ces mystères, c’est marcher en compagnie du Christ et tout en cheminant découvrir sa Présence vivante. C’est à la fois le chemin que nous empruntons chaque jour, pas après pas. Et celui qui nous fait passer de ce monde au Père. C’est à la fois le chemin tracé dans la géographie de nos existences, son espace et son temps quotidien, et celui qui est balisé par l’amour du Seigneur de l’origine à la fin, lui qui les aima jusqu’au bout et nous aimera jusqu’au bout du chemin. C’est en même temps le chemin qu’emprunte patiemment notre corps mortel qui peu à peu en recueille les marques, les rides, les blessures, et la voie sur laquelle avance notre âme éternelle. C’est le chemin qu’il ne s’est pas contenté de tracer, mais celui sur lequel il nous accompagne, et parfois même nous porte comme il porta la croix.

Or, ce soir-là, Jésus, « sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, – et tel est le chemin du Christ – se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. » Avec grande douceur, le Seigneur s’incline devant chacun pour leur laver les pieds, puis les essuyer avec soin. Oh Seigneur, tu prends soin des pieds de tes disciples. Le serviteur vient laver les pieds des hôtes pour les rafraîchir de leur longue route. En effet, ils sont bien fatigués, et couverts de poussière et las, les pauvres pieds de tes pauvres disciples. Ils t’ont suivi depuis Nazareth et la Galilée, depuis les bords du lac de Tibériade, depuis la joie des pêches miraculeuses et des noces de Cana, de la guérison du lépreux et des foules nourries par le pain et la parole. Mais les voilà dans le doute et la fatigue, la crainte et l’obscurité de la nuit et le cœur las et troublé. Terrible nuit qui a déjà englouti le disciple, égaré en chemin, entraîné loin de toi. Oui Seigneur prends aujourd’hui grand soin des pieds fatigués de tes disciples ! Ils t’ont suivi jusque’à ce soir comme ils ont pu, souvent davantage comme des errants d’une vallée de larmes que comme les promeneurs dans le premier jardin. De l’eau de l’Esprit coulant de ton côté, lave en nous ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.

Oui Seigneur tu as pris grand soin des pieds de tes disciples, ce soir-là, ce soir entre tous, non pas seulement pour le chemin qu’ils ont déjà parcouru à tes côtés, mais pour les préparer à celui qu’ils vont devoir emprunter, le chemin redoutable. C’est toi qui vas souffrir, mais c’est toi qui soignes. C’est toi qui vas butter sur les pierres du Golgotha, mais c’est toi qui laves. C’est toi dont les pieds seront percés de clous et déchirés sur le bois, mais c’est toi qui les essuies doucement d’un linge. Ce soir-là Seigneur, pour les fortifier en vue de l’épreuve, tu leur as lavé les pieds et tu les as nourris du pain de la route. Autrefois déjà, le pauvre prophète Élie découragé et abattu, fugitif perdu dans le désert, fut réconforté par ton Ange qui te préfigurait et t’annonçait. Il lui apporta le pain et lui dit avec douceur : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » (1R 19,7). C’est ainsi, qu’accomplissant les Ecritures, tu préparais tes disciples au chemin qui les attendait, tu leur lavais les pieds et leur donnais le pain pour la route. Pour la longue route car il est long le chemin qui leur reste. Chemin de disciples, chemin de l’Eglise, chemin qu’à notre tour enfin nous avons rejoint. Nous avons été lavés tout entier par le baptême, mais ce soir entre tous les soirs, Seigneur, lave nos pieds pour le chemin qui doit maintenant nous porter jusqu’à toi, et donne-nous encore le pain des forts, le pain des anges, le pain du chemin sans lequel en vérité trop longue et trop dure, serait la route qu’il nous reste à suivre avant de te rejoindre.

Mais cela ne suffisait pas encore, tu n’as pas lavé seulement les pieds fatigués par la route ; tu n’as pas seulement préparé les pieds de ceux qui allaient trébucher par ta passion, non, tu les préparais à bien plus grand, comme annoncé par le prophète Isaïe (Is 52,7): « Ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : « Il règne, ton Dieu ! ». Seigneur, tes disciples l’ignoraient, mais ces pieds si tendrement soignés auraient la gloire de porter les messagers de la résurrection. Jésus, tu fais de nous les témoins de la bonne nouvelle. Tu conduis nos pas sur les chemins de la résurrection. Que nos pieds en portent l’annonce puisque tu as daigné les laver de l’eau baptismale.

Amen

Le chemin du disciple II : Chemin de Croix

Le chemin du disciple. Il est ce soir un chemin de croix. L’Évangile de Jean en détaille avec précision chacune des étapes et ses différents déplacements. Ils allèrent d’abord dans un jardin, puis on emmène Jésus chez Hanne et Caïphe, et de là chez Pilate. Celui-ci le leur livra pour qu’il soit crucifié, ils se saisirent de lui et, portant sa croix, il sortit en direction du Golgotha. Joseph d’Arimathie, prenant le corps de Jésus, le dépose dans un tombeau neuf au centre du jardin.

Son chemin ne lui appartient pas, saisi, ligoté, déplacé, emmené, déposé, Jésus est livré entre leurs mains. Le chemin du disciple est parallèle, observant à distance, parvenant à entrer chez Caïphe, au milieu de la foule au Prétoire, et vers le Golgotha, jusqu’au pied de la croix avec Marie, et on l’imagine, comme dans les mises au tombeau de nos cathédrales, assistant à l’ensevelissement. Ce chemin du disciple, nous allons l’emprunter au cours de notre célébration, qui sera riche en déplacements, d’abord par la vénération de la croix, la communion au corps sacrifié de Jésus, puis la mise au tombeau.

J’ai été autrefois à Jérusalem, et comme tous les pèlerins, nous avons parcouru le chemin de croix au travers de la ville, au milieu des commerces, dans ces rues étroites et pavées, jusqu’à la basilique du Saint Sépulcre. Jésus a tracé un chemin au milieu de la ville. De notre ville. Dans l’indifférence, l’hostilité, la brutalité de la ville. Au bout du compte, le dédale de nos cités est à l’image de notre absence de chemin. Nous tournons en rond, voilà tout, ou alors nous empruntons des chemins balisés, du domicile au commerce, ou à l’école, et au travail. Et combien d’impasses en tout cela quand on y pense ! Le prophète Isaïe l’annonçait : c’est nous tous qui « étions errants comme des brebis, chacun suivant son propre chemin. Il a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous ». Les étapes qu’on lui a imposées étaient destinées à détruire et à transformer sa vie en une impasse, à réduire le chemin si unique de son existence en une impasse semblable à la nôtre. « Il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau conduit à l’abattoir » dit encore le prophète. Eh bien oui, on le conduit à l’abattoir et, « faisant retomber sur lui nos fautes à nous tous », il s’est laissé entraîner à travers les rues de la ville jusqu’au fond sans issue de l’impasse où s’achève toute vie.

Le chemin du disciple est ici paradoxal, puisqu’il s’agit d’emprunter à côté de Jésus, un chemin que l’on ne connaît que trop bien et que l’on redoute avec raison si l’on en a conscience. Nous suivons Jésus sur un chemin qui n’est autre que le nôtre et qu’il a lui-même choisi d’emprunter, un chemin égaré et sans issue, errant et vagabondant comme dans les ruelles d’une ville inconnue, s’achevant tragiquement sur une impasse. A ce stade, les choses n’ont aucun sens, puisqu’elles n’ont qu’un terme, le tombeau.

Pourtant, l’Evangéliste prend grand soin de nous manifester que le Christ est souverain tout au long du chemin qui le mène à la mort sur la croix et à l’ensevelissement. Ayant traversé les rues terribles de la ville de Jérusalem, en portant sa croix, il portait toute la laideur et la violence de la cité des hommes. « C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. (…) C’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé ». Les fautes de la cité des hommes furent clouées avec lui sur le bois, et désormais, étrangement, les rues de la ville en sont transfigurées. Celui qui a suivi le Christ et l’a vu y trébucher et y tomber y devine d’autres contours, lumineux ceux-ci, et qui dessinent la figure à venir de la ville éternelle, la Jérusalem céleste, la cité de Dieu.

Notre chemin de disciple n’est pas autre que le chemin de tous les mortels, avec sa part d’errance, d’échec, d’espoirs, de vie partagée, d’amour, tout ce que fut le chemin du Christ de sa naissance à sa mort. Notre chemin de disciple ne nous écarte pas du chemin commun de l’humanité. Il est pourtant étrangement transformé, de l’intérieur, par celui qui l’a emprunté avant nous et pour nous, et maintenant avec nous et en avant de nous. L’auteur de l’épître aux hébreux le confesse de la sorte : « alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux. » et plus loin « Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde ». Le chemin de Jésus est le chemin qui a traversé les cieux. Sur ce même chemin d’humanité souffrante et errante, nous avançons avec assurance vers le Trône de sa grâce.

Amen

Le chemin du disciple III : chemin de baptême

Le chemin du disciple. C’est ce soir le chemin du baptême. Puisque c’est cela qui nous fait disciple. Un chemin qui traverse la mer à pied sec. Un chemin de pardon, de délivrance, de libération, de salut. Un chemin sur lequel les catéchumènes de ce soir ont été amenés par Dieu à faire les premiers pas, à en expérimenter les premières étapes.

Le chemin du disciple passe par l’ensevelissement du Christ et est entraîné par sa résurrection. Il traverse les ténèbres et il se guide sur la lumière du feu nouveau, le Christ Vivant. Le chemin du disciple est un chemin de lumière. Vous êtes nés à la lumière, vivez en enfants de lumière, laissez derrière vous les ténèbres. Ce chemin vous transformera progressivement, à mesure que vous accepterez d’avancer plus loin, en sachant que vous n’en connaissez que les commencements.

Le chemin du disciple est le chemin de la vie nouvelle. « Si, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui – dit saint Paul – c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. » Après le passage par le tombeau, voilà que s’ouvre la suite du Christ. Il nous entraîne en avant. Non plus d’ailleurs comme les disciples le vécurent dans les premiers temps, mais la suite du ressuscité. Nous sommes unis à lui par une résurrection qui ressemble à la sienne.

Le chemin du disciple est un chemin ouvert vers toute l’humanité et la création, à la suite de Jésus vivant. « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. (…) Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit. » Au lieu d’une voie sans issue devant butter sur la lourde pierre d’un tombeau, c’est un chemin ouvert vers les nations, vers les peuples, vers toute l’humanité, un chemin où là encore, il nous précède. Le chemin vers la Galilée est un chemin pour notre existence, dans les villes et les lieux où nous vivons, et cependant, c’est déjà le chemin de la vie nouvelle, en compagnie de Jésus, et un chemin de vie qui n’a plus à craindre de la mort, car celle-ci a été vaincue. « Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. »

Chemin du baptême, chemin de libération, chemin de lumière, chemin de vie nouvelle, chemin ouvert sur toute la Création, le chemin du disciple est le chemin de la joie pascale, le chemin de l’amour de Dieu, le chemin de l’Alleluia. Frères et sœurs, bien-aimés du Seigneur, avancez joyeux sur le chemin du disciple, vous qui avez été ressuscités avec le Christ.

Alleluia, Christ est ressuscité,

Il est vraiment ressuscité, Alleluia.

Le chemin du disciple IV : chemin des Témoins

Le chemin du disciple. En ce matin de Pâques, c’est le chemin des témoins. « Dis-nous, Marie Madeleine, qu’as-tu vu en chemin ? » « J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, j’ai vu la gloire du Ressuscité. J’ai vu les anges ses témoins, le suaire et les vêtements. Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée. » Le chemin des témoins est-il un chemin des gens pressés, comme Marie Madeleine court vers Pierre et l’autre disciple ? Et ceux-ci, à leur tour courent vers le tombeau vide. Chemin de gens pressés, de gens empressés de partager la nouvelle ? Certainement, pourtant saint Jean, souligne dans ce premier récit de Pâques une chose essentielle afin que, justement, nous sachions que désormais, aujourd’hui, le témoin c’est vous comme moi. Le chemin du témoin, avant d’être un chemin d’annonce empressée, est un chemin intérieur. « Il vit et il crut », dit le texte. Toi aussi, vois, vois ce que leurs yeux ont vu. Le tombeau vide, tous les pèlerins peuvent aller le voir, ou bien tu peux tout simplement t’empresser de te le représenter. Il crut, alors qu’il n’avait pas plus que toi de raison de croire. Ou qu’ils en avaient tout autant. Il crut avant que le Seigneur se manifesta.

Marie-Madeleine aussi dut cheminer intérieurement. Lorsqu’elle croisa le jardinier et lui demanda, « sais-tu qui a pris le corps de mon Seigneur ? », on l’appela par son nom et elle se retourna en elle-même. Elle crut, et à ce moment-là seulement, elle reconnut le Seigneur. Il en fut de même encore pour ces deux disciples, justement en chemin vers Emmaüs, qui ne reconnurent pas le Christ mais qui entendirent ses paroles : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Ils firent d’abord le chemin intérieur de l’incrédulité à la foi, avant de prendre en courant le chemin du témoin, d’Emmaüs à Jérusalem. Et c’est bien leur cœur, tout brûlant de l’entendre, qui l’avait reconnu, avant leurs yeux !

Ton cœur a toi aussi, mon ami, n’a pas besoin des yeux pour recevoir ces paroles et croire. Car le chemin du témoin est d’abord un chemin intérieur. C’est le tien. Retourne en toi-même vers tout ce que tu as connu de Jésus à force de le fréquenter. Retourne en toi-même sur tout ce qu’il t’a manifesté de son amour. Retourne en toi-même sur ses Paroles et ses Paraboles. Retourne en toi-même sur ses gestes d’amour à ton égard, les libérations, les réconciliations, les consolations, les réconforts par lesquels tu as fréquenté le Christ. Retourne en toi-même sur les Ecritures, Abraham, Moïse et les prophètes qui l’annoncèrent parce qu’ils avaient vu son Jour. Elles ont témoigné en premier du Christ et elles auraient dû suffire si les cœurs incrédules ne craignaient pas de croire. Retourne en toi-même et laisse ton propre cœur brûlant t’annoncer la nouvelle. Cours alors jusqu’au seuil du tombeau vide ! Le disciple bien aimé n’est autre que toi-même. Entre, vois, et crois.

Le chemin du disciple est un chemin de témoin. C’est-à-dire de celui qui a reçu et accueilli le témoignage de ses yeux, de sa raison, de son intelligence, de son cœur embrasé, de son expérience vivante, court alors avec empressement annoncer ce qui lui est désormais évident à ceux qui ne connaissent pas le Christ. Tu peux dire toi aussi comme l’apôtre : « Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. » Sache que la Galilée de ton témoignage n’est pas très loin : dans ton foyer, au seuil de ta porte, dans ton quartier. Combien de catéchumènes se rappellent avec émotion, des années plus tard, du témoignage de leur grand-mère. Aie donc confiance que ton témoignage sera reçu par ceux que tu connais et ceux qui t’aiment.

Mais il faut bien retenir que ce chemin du témoin repose sur le chemin intérieur dont j’ai parlé. Il est essentiel de le savoir, de le méditer, de souvent y revenir, car en effet c’est de cela qu’est fait ton propre témoignage extérieur. Ceux qui t’entourent n’ont pas besoin d’être entretenus de choses compliquées, ni même des grands mystères de la foi. Pour les recevoir en effet, il faut déjà être sur le chemin, avoir soif de connaître. Prends bien garde qu’ils ont moins encore besoin de polémiques. Ils sont très étranges ces drôles de témoins de fausses doctrines. Comme leurs doctrines sont fausses, comme leur chemin est faux, ils s’en tiennent à des polémiques, à des lieux-communs et à des préjugés : et le pape, et l’inquisition, et les Croisades, et l’argent du Vatican, et les superstitions catholiques, et l’occident corrompu, et la falsification des Ecritures, et la fin du monde, que sais-je encore ? Mais sur leur propre chemin, sur leur propre conversion ? Rien du tout. Ils suivent le manuel de leur gourou ou de leur maître en fausseté. Ce sont des faux témoins. Pour de fausses doctrines. S’ils semblent avoir du succès, ils ne font qu’aller à leur perte, pire, ils égarent ceux qu’ils entraînent à leur suite. N’agissez pas ainsi. Vous êtes les témoins du Seigneur ressuscité !

Toi, tu dois ouvrir l’oreille et le cœur à Celui qui, ne l’oublie jamais « t’a précédé en Galilée », c’est-à-dire dans le cœur des païens. Tu le sais bien toi-même, qui as découvert un jour que le Seigneur était là depuis toujours, mais tu ne le savais pas. Plus intérieur à toi-même que toi-même selon le mot de saint Augustin. Comment vas-tu leur ouvrir l’oreille et le cœur, à ceux-là aussi qui te connaissent, qui t’aiment et t’estiment ? En leur partageant simplement ton propre témoignage. Ton chemin intérieur de témoin. Leur cœur parfois brûlait, et ils ne savaient pas pourquoi. Et leur cœur brûlera tandis qu’ils t’écouteront leur parler, et ils sauront que tu dis vrai, et peut-être auront-ils le courage, avec la grâce de Dieu, d’écouter leur cœur et de te demander : « dis-moi quel est le chemin ? » Tu répondras comme Jésus : « Viens et vois ».

Amen.