Confinés ! Méditons et prions : n°2

 

Pendant la période de confinement, le diocèse d’Aix-en-Provence et Arles vous propose chaque jour un temps de prière en communion fraternelle composé de : la lecture de la Parole du jour, une méditation écrite par un curé du diocèse, et la « Prière en temps d’épidémie » à réciter ensemble à midi. Aujourd’hui, la méditation nous est proposée par le père Hervé Chiaverini, curé du Tholonet, Beaurecueil et Saint-Antonin.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (5, 1-16)

À l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha. Elle a cinq colonnades, sous lesquelles était couchée une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents. Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? » Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. » Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche. » Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait ! Or, ce jour-là était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pied : « C’est le sabbat ! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. » Il leur répliqua : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” » Ils l’interrogèrent : « Quel est l’homme qui t’a dit : “Prends ton brancard, et marche” ? » Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit. Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. » L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.

La méditation : « Prends ton grabat », par le père Hervé Chiaverini, curé du Tholonet, Beaurecueil et Saint-Antonin

Nous sommes tellement habitués au « lève-toi et marche » de l’Évangile que nous pouvons ne plus remarquer l’incise de Saint Jean : « prends ton grabat ». Pour le paralysé de l’Évangile, son grabat, c’était en même temps son lieu de détresse où il gisait et sa bouée grâce à laquelle on pouvait le déplacer. Étonnant cet appel de Jésus ! Pour se lever et marcher, le paralysé a eu besoin de prendre sa civière, c’est-à-dire d’assumer non seulement sa faiblesse mais plus encore, ce qui lui rappelait, à tout instant, sa vulnérabilité.

L’actualité nous renvoie, personnellement et collectivement, à l’acceptation de cette fragilité et de cette vulnérabilité. Le « colosse au pied d’argile » du prophète Daniel (2, 32) n’est pas simplement une vieillerie de l’Ancien Testament mais la simple description de notre condition personnelle et de notre situation sociale. Pour cette dernière, après les coups de butoir d’une crise financière (2008) puis d’une crise migratoire (2012), voici une crise sanitaire : la grippe espagnole tuant plus que la Première Guerre mondiale, c’était il y a un siècle. La Peste en Provence (avec ses deux rebonds) tuant 1 habitant sur 4, c’était il y a trois siècles. Tout cela était fort loin de nous, comme les chiffres déversés quotidiennement sur nos écrans. Quand des visages connus et aimés leur succèdent, ce n’est plus pareil. La compassion de Jésus est en même temps personnelle (Mc 10, 21) et communautaire (Mt 9, 36).

Prendre notre grabat est la tâche qui nous attend au terme du confinement. Le grabat de nos quartiers et de nos villages, le grabat de nos paroisses et de notre diocèse, le grabat de notre société « archipélisée » (voir Jérôme Fouquet, L’archipel français, Seuil 2019). Se (re)lever ne suffira pas pour marcher. Il nous faudra – pour recevoir l’expérience du salut en Jésus-Christ – oser nous baisser pour ramasser ce grabat et le porter. Ce qui nous attend n’est pas de refermer – si possible avant les vacances – la parenthèse d’une crise de plus, mais c’est d’oser travailler à ce nouveau monde qui naît (2 Co 5, 17), et qui est construit de cœur et d’intelligence, de foi et d’amour, de conscience et d’éternité.

On prie un peu ? Pour un temps d’apocalypse, il nous est nécessaire d’avoir une prière d’apocalypse. Voici celle de Daniel (2,20-23) : « Béni soit le nom de Dieu depuis toujours et à jamais. À lui la sagesse et la force ! Lui qui fait changer les âges et les temps, il renverse des rois, il en établit d’autres ; aux sages il donne la sagesse, et l’intelligence à ceux qui savent discerner. Lui qui révèle profondeurs et secrets, il connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure auprès de lui. À toi, Dieu de mes pères, mon action de grâce et ma louange, car tu m’as donné la sagesse et la force, et maintenant tu m’as fait connaître ce que nous t’avons demandé, puisque tu nous as fait connaître ce qui concerne le roi. »

Prière

Nous pouvons réciter ensemble à midi, un « Je vous salue Marie », un « Notre Père », et la « Prière en temps d’épidémie » écrite par un prêtre du diocèse :

Prière en temps d’épidémie

Saint Roch et saint Sébastien, amis du Seigneur Jésus, vous qui avez connu l’épreuve de la souffrance et de la maladie, soyez aujourd’hui les ambassadeurs de notre prière auprès de Dieu notre Père. En ce temps d’inquiétude et d’incertitude, nous recourons à vous avec confiance pour demander votre intercession.

Comme nos aïeux en Provence qui n’ont jamais désespéré de Dieu dans les pires moments des épidémies de peste et se sont toujours confiés à vous, nous renouvelons cette fidélité à l’heure du coronavirus qui nous frappe aujourd’hui.

Grand saint Roch, grand saint Sébastien, vous qui contemplez le visage de Dieu dans la gloire du ciel, voyez vos frères et sœurs d’ici-bas qui sont aux prises avec les flèches de la maladie aux quatre coins du monde.

Vous qui goûtez la plénitude de l’amour du Saint-Esprit, demandez-lui pour nous la fraîcheur dans la fièvre, la guérison pour ce qui est blessé.

Vous que la sainte Vierge Marie a présenté à Dieu après l’épreuve, demandez-lui de nous prendre dans son manteau de miséricorde et de dire à son Fils que nous manquons du vin de la joie.

Vous qui avez risqué votre vie pour annoncer à tous la Vie qui est en Jésus, confiez au divin médecin toutes les personnes qui luttent au chevet des malades, qui se dépensent pour leurs frères et cherchent pour développer des traitements.

Vous qui avez vécu en fils de l’Église en toutes circonstances, priez pour que les chrétiens donnent à tous le témoignage humble de leur confiance paisible, de leur charité active, et de leur espérance invincible qui viennent du cœur du Christ.

Vous qui ne vous êtes jamais résignés au mal, obtenez-nous de ne céder ni au fatalisme ni à la panique, mais d’avancer dans ces quarante jours de Carême les yeux fixés sur la croix de Jésus, mort et ressuscité, en qui est la victoire totale et définitive sur le mal.

Glorieux saint Sébastien et saint Roch, nos amis dans la difficulté, demandez-le à Dieu notre Père, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec lui dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen.

Saint Roch, priez pour nous.

Saint Sébastien, priez pour nous.