Confinés ! Méditons et prions : n°14

Pendant la période de confinement, le diocèse d’Aix-en-Provence et Arles vous propose chaque jour un temps de prière en communion fraternelle composé de : la lecture de la Parole du jour, une méditation écrite par un curé du diocèse, et la « Prière en temps d’épidémie » à réciter ensemble à midi. Aujourd’hui la méditation nous est proposée par le père Jean-François Noël, curé de l’Unité pastorale Saint Blaise et de Fos-sur-Mer.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (13, 21-38)

En ce temps-là, au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples, il fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. » Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras, ne sachant pas de qui Jésus parlait. Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait. Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler. Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » Jésus lui répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote. Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais-le vite. » Mais aucun des convives ne comprit pourquoi il lui avait dit cela. Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres. Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit. Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. » Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. » Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! » Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. »

La méditation proposée par le père Jean-François Noël, curé de l’Unité pastorale Saint Blaise et de Fos-sur-Mer

« Amen, amen je vous le dis, l’un de vous me livrera. Les disciples se regardaient avec embarras, ne sachant pas de qui Jésus parlait. »

Si l’affirmation de Jésus touche les disciples au point que chacun d’eux regarde les autres du coin de l’œil, avec suspicion, c’est qu’elle les interroge chacun plus intimement. Au fond, sans être un traître, ne vient-elle pas réveiller quelque doute, quelque tentation au moins de fuir cet instant de communion dont l’intensité tragique les plombe les uns après les autres. Nous ne savons pas si, nous-mêmes, en cet instant, nous nous serions sentis la force de nous avancer avec lui. Et chaque apôtre va tenter d’aller puiser en lui comment faire face. Nous le saurons ensuite, mais Pierre, lui-même, va s’engager avec la générosité et la maladresse que nous lui connaissons. Il ne réussira qu’à couper l’oreille du serviteur du Grand Prêtre. Croyait-il vraiment qu’il pourrait arrêter à lui seule une cohorte de soldats aguerris. Et il ne sait pas encore qu’il lui faudra descendre plus bas encore, jusqu’au reniement, pour être à son tour, ressuscité.

Nous-mêmes, en ce temps d’épreuve, pouvons être habités par un doute profond. Ne la taisons pas, le dimanche de la Résurrection passe par le Vendredi saint. Il faut que quelque chose en nous soit crucifié afin qu’il ressuscite. Sinon la Pâque aura été célébrée en vain. Avouons nos craintes, nos incertitudes, et elles sont légion en ce moment. Que n’ai-je entendu pour cette fête des Rameaux ? Êtes-vous bien sûr que la bénédiction passera vraiment. Au point que certains ont laissé dans l’église un rameau d’olivier avec leur nom pour être bien certain que leurs rameaux soient bénis « en direct ». On peut sourire de tant de naïveté, ou de bigoterie, mais en lisant leurs noms, je reconnaissais des personnes que je sais seules chez elles.

Alors que faire de cette part de doute et de peur ? En fait, la vraie réponse est dans la suite de l’épisode.

Il s’agit comme le fait Jean, le disciple bien aimé, de nous incliner sur la « poitrine de Jésus » et de lui parler de cœur à cœur. Un tout petit mouvement qui l’emporte sur tout…

Prière

Nous pouvons réciter ensemble à midi, un « Je vous salue Marie », un « Notre Père », et la « Prière en temps d’épidémie » écrite par un prêtre du diocèse :

Prière en temps d’épidémie

Saint Roch et saint Sébastien, amis du Seigneur Jésus, vous qui avez connu l’épreuve de la souffrance et de la maladie, soyez aujourd’hui les ambassadeurs de notre prière auprès de Dieu notre Père. En ce temps d’inquiétude et d’incertitude, nous recourons à vous avec confiance pour demander votre intercession.

Comme nos aïeux en Provence qui n’ont jamais désespéré de Dieu dans les pires moments des épidémies de peste et se sont toujours confiés à vous, nous renouvelons cette fidélité à l’heure du coronavirus qui nous frappe aujourd’hui.

Grand saint Roch, grand saint Sébastien, vous qui contemplez le visage de Dieu dans la gloire du ciel, voyez vos frères et sœurs d’ici-bas qui sont aux prises avec les flèches de la maladie aux quatre coins du monde.

Vous qui goûtez la plénitude de l’amour du Saint-Esprit, demandez-lui pour nous la fraîcheur dans la fièvre, la guérison pour ce qui est blessé.

Vous que la sainte Vierge Marie a présenté à Dieu après l’épreuve, demandez-lui de nous prendre dans son manteau de miséricorde et de dire à son Fils que nous manquons du vin de la joie.

Vous qui avez risqué votre vie pour annoncer à tous la Vie qui est en Jésus, confiez au divin médecin toutes les personnes qui luttent au chevet des malades, qui se dépensent pour leurs frères et cherchent pour développer des traitements.

Vous qui avez vécu en fils de l’Église en toutes circonstances, priez pour que les chrétiens donnent à tous le témoignage humble de leur confiance paisible, de leur charité active, et de leur espérance invincible qui viennent du cœur du Christ.

Vous qui ne vous êtes jamais résignés au mal, obtenez-nous de ne céder ni au fatalisme ni à la panique, mais d’avancer dans ces quarante jours de Carême les yeux fixés sur la croix de Jésus, mort et ressuscité, en qui est la victoire totale et définitive sur le mal.

Glorieux saint Sébastien et saint Roch, nos amis dans la difficulté, demandez-le à Dieu notre Père, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec lui dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen.

Saint Roch, priez pour nous.

Saint Sébastien, priez pour nous.