Pâques : « Entrez dans une vie nouvelle »

Dans son homélie de la messe de Pâques, Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles, nous appelle à être des témoins contemporains du Christ ressuscité, et nous invite à nous souvenir de notre baptême.

Je vous annonce une bonne nouvelle : le confinement aura une fin. Je suppose que vous n’en doutez pas. Nul ne sait ni le jour ni l’heure, mais nous sortirons un jour du confinement, le confinement aura une fin. Mais d’autres questions se posent à nous. La maladie aura-t-elle une fin ? La violence meurtrière aura-t-elle une fin ? La guerre aura-t-elle une fin ? L’injustice aura-t-elle une fin ? Le mal que se fait l’homme à lui-même et le mal qu’il fait à la terre auront-ils une fin ? Qui nous sauvera ? Face à toutes ces questions, en ce jour de Pâques, nous recevons une bonne nouvelle, « la » Bonne Nouvelle : nous sommes sauvés. Le Christ a vaincu le mal, il est ressuscité, en Lui l’amour a vaincu la mort, la puissance de Dieu l’a ressuscité des morts. En Lui nous sommes sauvés.

Au cours de la Vigile pascale, nous avons écouté le beau récit biblique de l’histoire de notre Salut, depuis le commencement où Dieu créa, puis  Abraham qui va jusqu’à offrir à Dieu son fils unique, Moïse qui conduit un peuple libre à travers la mer, et la merveilleuse annonce de la nouvelle alliance par les prophètes. Tout ce récit nous révèle le désir de Dieu de nous sauver. C’est le fil rouge de toute la Bible : Dieu voit notre misère, nos épreuves, notre combat ; nous sauver est tout son désir. Et Il nous sauve… Il nous sauve en Jésus-Christ. Ce Jésus, dit l’apôtre Pierre, vous le connaissez. Ce Jésus, Dieu l’avait rempli de son amour infini, de son Esprit Saint. Ce Jésus, Il passait partout en faisant le bien. Ce Jésus, ils l’ont tué, mis à mort, crucifié. Mais dans sa puissance de vie et d’amour, Dieu l’a relevé de la mort, Il l’a ressuscité. D’après les évangiles, Marie-Madeleine en fut témoin la première ; il y eut aussi d’autres femmes, Marie Salomé, Marie Jacobé, les saintes femmes de l’Évangile ; il y eut ensuite les apôtres. Tous attestent que Jésus est ressuscité, et c’est sur leur témoignage que nous croyons. Avec eux, nous reconnaissons dans cet événement de la Résurrection la signature de Dieu dans notre histoire, nous mettons toute notre foi en cet acte de la puissance d’amour de Dieu. Nous croyons, et notre acte de foi est la source de notre joie, la source de notre espérance.

J’ai reçu cette semaine le témoignage d’un malade guéri, catholique de notre communauté. Le virus COVID-19 l’avait gravement atteint. Il avait conscience qu’il pouvait mourir et il se préparait à sa mort. Les médecins ne se prononçaient pas sur ses  chances de survie. Et puis, grâce aux soignants, grâce aussi à la chaîne de prière organisée pour sa guérison, il est sorti de la maladie. Il n’est pas mort, mais il était comme mort et il est revenu à la vie. Cette expérience ne le laisse pas indemne. Il est entré dans une vie nouvelle. Il a vécu une sorte de pâque.

L’apôtre Paul avait fait une expérience encore plus radicale. Lui, le fanatique qui poursuivait les chrétiens pour les tuer, il a été terrassé sur le chemin de Damas. Il était comme mort. Entre vie et mort pendant trois jours, sans manger ni boire. Il a reconnu le Christ vivant venu à lui, il a été baptisé, il est entré dans une vie nouvelle, il est devenu disciple et apôtre de Jésus, disciple-missionnaire.

Je pourrais aussi vous raconter les récits édifiants des catéchumènes adultes. Tous ont fait une rencontre du Christ vivant qui a bouleversé leur vie. Ils auraient dû être baptisés à la cathédrale. Le confinement n’a pas permis qu’ils le soient en cette fête de Pâques. Je les recommande à votre prière.

Frères et sœurs, je vous invite aujourd’hui à vous souvenir très fort de votre baptême. Le baptême est votre trésor. Le baptême est le cadeau d’une nouvelle naissance. « Par le baptême, dit saint Paul, nous avons été unis au Christ ». Le baptême est notre histoire d’amour avec le Christ Jésus. Ravivons en nous cet amour du Christ qui s’unit à chacun de nous pour nous faire vivre de son énergie d’amour. Qu’avons-nous fait de cette vie nouvelle reçue à notre baptême ? Nous l’avons laissé vieillir dans un petit « ron-ron » chrétien qui n’est pas une vie qui plaît à Dieu. Nous avons si peu risqué notre vie pour le Christ ! Comment, par notre engagement chrétien, serons-nous auprès de nos contemporains témoins de la rencontre du Christ vivant, prophètes de la vie nouvelle que nous avons reçue de lui ?

En cette fête de Pâques, que nous vivons dans des conditions si particulières, confinés dans nos maisons, mais reliés les uns aux autres dans une intense communion spirituelle et dans une immense espérance, laissons jaillir la lumière de l’Amour. Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité.

Amen.