« Noël, le lieu d’une conversion réelle et authentique » : l’homélie de Don Antoine Barlier pour le 2ème dimanche de l’Avent

Dans son homélie du 2ème dimanche de l’Avent, Don Antoine Barlier, vicaire à la paroisse d’Arles, nous propose de voir en Noël une opportunité pour accueillir le Christ et devenir davantage disciple-missionnaire.

Chers frères et sœurs,

L’évangile de ce dimanche commence un peu comme celui de la nuit de Noël, avec son fort ancrage dans l’histoire du peuple d’Israël et de l’humanité tout entière. Ici encore, Jean-Baptiste prépare le chemin de Jésus. C’est dans l’histoire concrète des hommes, dont la liste des dirigeants politiques de l’époque est la manifestation, que le Fils de Dieu se fait chair ; c’est dans cette même histoire qu’un homme, Jean-Baptiste, devient cette voix annoncée par les prophètes qui crie dans le désert.

 

  1. Le Seigneur choisit les humbles…

La lecture du chapitre 3 de saint Luc est frappante : c’est à la suite de l’énumération des puissants du temps, Tibère, Ponce-Pilate, Hérode, Philippe, Lysanias, Hanne et Caïphe, que le nom de Jean est donné. Certes, Jean-Baptiste n’est pas issu de n’importe quelle lignée ; il appartient à la caste sacerdotale, à une famille vouée à rendre le culte d’Israël au Temple, mais il n’est pas une des autorités de son époque. Il faut le regard de la foi pour discerner qu’il est le plus grand des enfants des hommes. Aux yeux de l’histoire humaine, cet homme qui part au désert, vêtu de peaux bêtes et se nourrissant de miel, n’est pas grand-chose.

Le temps de l’Avent nous apprend ceci : Dieu aime choisir les humbles, les petits, les pauvres. Ce choix est manifeste dans l’Ancien Testament : c’est David, le dernier des frères auquel personne n’a pensé, qui devient roi ; c’est Isaïe, homme aux lèvres impures, qui est choisi comme prophète ; c’est Marie, humble jeune fille, sur la pauvreté de laquelle le Seigneur a posé son regard.

Pourquoi ce choix si étranger à notre mentalité humaine prompte à établir des stratégies efficaces pour atteindre un succès quantitatif ? Dieu n’aime pas la misère bien sûr, mais Il aime les pauvres, parce qu’ils ont moins à abandonner pour être libres de Le suivre, ils sont plus prompts à la docilité envers l’Esprit Saint. C’est cette pauvreté-là que le Seigneur aime et recherche. C’est pourquoi Il a choisi le plus petit des peuples pour en faire son peuple, et la même logique s’applique toujours dans l’histoire des saints : c’est à Bernadette, c’est aux bergers de Fatima que Marie apparaît, non aux puissants du jour. Et si le Seigneur se choisit aussi parfois des riches aux yeux des hommes, c’est bien souvent pour leur humilité ou leurs misères qu’Il les choisit.

 

  1. … pour annoncer le salut à toutes les nations…

Jean-Baptiste reçoit la mission d’annoncer le salut aux hommes. Cette annonce ne concerne plus seulement le peuple d’Israël mais toutes les nations. « Tout être vivant verra le salut de Dieu. » La prédication énergique du Précurseur du Christ est une invitation à se tenir prêts, à préparer les chemins du Seigneur, à ce que notre âme, notre cœur puisse vraiment être une crèche pour le Christ en cette fête de la Nativité.

Mais regardons de plus près la première lecture et l’Evangile : qui agit ? Ce n’est pas nous. C’est le Seigneur qui non seulement vient, mais prépare nos cœurs. Ce n’est pas sur nos forces que nous sommes appelés à nous appuyer pour rendre droits les sentiers de notre vie, combler les ravins de nos épreuves, aplanir les chemins rocailleux de nos péchés sur lesquels nous trébuchons. C’est Dieu qui accomplit déjà cela en nous. C’est lui qui prépare sa venue parmi nous, comme le dit le prophète Baruch : « Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées et que les vallées seraient comblées. Car Dieu conduira Israël dans la joie. »

 

  1. … et appeler chaque homme à accueillir le Sauveur

Mais alors que faire pour préparer Noël ? La prière d’ouverture, la collecte de ce dimanche nous l’indique : « Dieu de puissance et de miséricorde, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver la marche de ceux qui se hâtent à la rencontre de ton Fils. » Nos maîtres dans l’Avent, les prophètes, Jean-Baptiste et la sainte Vierge, nous appellent à laisser l’Esprit Saint agir et à nous dépouiller de toutes les entraves, à déposer dans la miséricorde de Dieu, dans sa tendresse, tout ce qui entrave l’épanouissement complet de la grâce semée dans cœur au jour du baptême comme une graine appelée à devenir un arbre magnifique.

C’est bien là le cœur de notre Avent : que notre moi parfois tout-puissant prenne résolument le chemin de l’humilité et de l’écoute du Seigneur pour laisser le Christ agir en nous, à travers nous et ainsi autour de nous. Ce chemin d’écoute nous est montré par Marie, que nous célébrerons cette semaine comme l’Immaculée Conception, chef-d’œuvre de l’Esprit Saint, qui nous entraîne à sa suite, parce que nous sommes tous appelés à cette sainteté. Que notre Avent soit un temps d’intériorité ; que Marie nous aide à ne pas laisser passer une seule de nos journées sans prendre le temps de la prière, en nous nourrissant des textes proposés par la liturgie quotidienne, en entrant dans la méditation et l’oraison tout simplement, en imaginant Jésus qui nous parle et nous écoute.

Oui, cette fête de Noël 2021 peut être, pour chacun de nous, le lieu d’une conversion réelle et authentique pour être davantage disciples-missionnaires ! C’est à cet acte de foi que saint Jean-Baptiste nous appelle. Que l’espérance anime notre chemin d’attente de la venue du Fils en Dieu dans chacun de nos cœurs. C’est en Provence que Jésus veut naître cette année pour transformer nos vies. Amen.

 

Don Antoine Barlier