Rameaux : « Dieu ne veut pas notre malheur, il veut notre bien »

Dans son homélie de la messe des Rameaux, Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles, rappelle que Dieu veut notre Bien.

 

Une bien curieuse semaine sainte commence avec ce dimanche des Rameaux et de la Passion. C’est confinés dans nos églises, notre cathédrale, nos habitations, que nous avons lu ce long récit de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ dans l’évangile de saint Matthieu. C’est bien le dimanche de la Passion où Jésus se retrouve seul, pas seulement des Rameaux où Jésus est acclamé par une foule. Matthieu insiste longuement sur la prière de Jésus à Gethsémani avant son arrestation au jardin des Oliviers. Je vous propose de le rejoindre dans sa prière, ou plutôt de le laisser nous rejoindre dans notre prière.

Écoutons la prière de Jésus : « Mon Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi ». Jésus nous rejoint dans notre prière aujourd’hui. « Père, s’il est possible que l’épidémie du coronavirus passe loin de moi ». « Père, délivre-nous du mal ». Comme nous nous retrouvons bien dans la prière de Jésus ! Jésus sait qu’il va souffrir. Il angoisse d’une angoisse extrême. Jésus nous rejoint dans notre angoisse, il la fait sienne, il crie à Dieu son Père « Non, pas çà ! Epargne-moi le mal. Epargne-moi la souffrance ».

Mais la prière de Jésus à son Père se poursuit, à trois reprises : « Non pas ce que je veux mais ce que tu veux. Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ». Avouons-le, ceci est une prière que nous avons bien du mal à faire nôtre. Cette prière est pourtant la lumière qui nous est offerte pour éclairer ce temps de souffrance et d’angoisse que nous vivons. Non la volonté de Dieu n’est pas de nous voir souffrir. La volonté de Dieu c’est de nous voir heureux. La volonté de Dieu, c’est notre bien, notre bonheur. Comment la prière de Jésu à Gethsémani peut-elle éclairer ce que nous vivons aujourd’hui ?

Frères et sœurs, il nous donné de vivre d’être contemporain d’un moment décisif de notre histoire humaine. Nous dirons de l’histoire sainte de l’humanité. L’histoire telle que nous la contemplons à la lumière de notre foi chrétienne, i.e. l’histoire animée par l’Esprit saint. C’est notre foi : nous croyons que le premier acteur de l’histoire humaine, c’est l’Esprit saint de Dieu, l’Esprit Créateur. Dans ce moment décisif de notre histoire humaine, un voyant rouge s’est allumé pour nous dire : « Attention, vous allez tomber en panne. Stop ! Examinez votre moteur, votre conduite ». C’est le moment d’un examen de conscience. Dieu ne veut pas notre malheur, il veut notre bien. Quel bien veut-il pour nous aujourd’hui ? A quelle conversion nous appelle-t-il ? La question nous appartient : quel bien voulons-nous réellement pour nous ? Qu’est-ce qui peut vraiment faire notre bonheur ?

« Père, que ta volonté soit faite » dit Jésus dans sa prière. Au moment où il se sent abandonné par Dieu, il s’abandonne à lui dans la confiance. Dans l’angoisse, Jésus fait confiance à la volonté d’amour de Dieu. Qu’est-ce que Dieu veut pour nous aujourd’hui ? Tout au long de cette semaine sainte, nous demanderons au Seigneur qu’il nous donne sa lumière. N’ayons pas peur d’entrer dans la nuit avec le Christ. « Je suis venu pour qu’ils aient la vie, dit Jésus à ses disciples, pour qu’ils aient la vie en surabondance ». Il tiendra sa promesse et nous donne rendez-vous au matin de Pâques, dans la lumière. Amen.