Mettre toute notre foi dans la résurrection du Christ

Homélie de Mgr Christophe DUFOUR

Cathédrale Saint Sauveur à Aix-en-Provence

Messe de la vigile et du jour de Pâques 2019

Frères et sœurs, comme le disait l’archevêque de Paris cette semaine, Notre Dame était au pied de la Croix. Comme elle est au chevet des familles endeuillées par l’attentat qui a touché trois églises en cette nuit de Pâques au Sri Lanka. Comme elle est au pied de toutes nos croix. Mais le récit de la Résurrection dans les évangiles ne dit pas si Marie, mère de Jésus, est venue ou non au tombeau. Les évangiles nous parlent des femmes, premières témoins de Jésus ressuscité. Il y avait en tout premier lieu Marie-Madeleine ; il y avait Jeanne, dont Luc a dit qu’elle était la femme de Chouza, intendant d’Hérode ;  et il y avait aussi nos saintes Marie, Salomé et Jacobé, mère des apôtres Jacques et Jean, et d’autres femmes. Mais Marie, mère de Jésus, n’était pas près du tombeau. Nous la retrouverons à la Pentecôte, au Cénacle, en prière avec les apôtres.

Pourquoi Marie n’était-elle pas au tombeau avec les autres femmes ? Nous pouvons deviner son immense souffrance et ses larmes de maman. La mort de celui qu’elle a porté dans son sein et mis au monde est pour elle une vive douleur, un glaive lui a transpercé le cœur, au point d’être en quelque sorte crucifiée avec Jésus – on parle à ce sujet de la « transfixion » de Marie. Pourquoi Marie n’est-elle pas venue au tombeau ? Parce qu’elle a traversé ce drame dans la foi. Elle se rappelait les paroles de Jésus à ses disciples, annonçant qu’il souffrirait beaucoup, qu’il serait tué et ressusciterait le troisième jour. Dans la douleur, elle redit le « Fiat » de l’Annonciation : « Qu’il soit fait selon ta parole ». Marie est notre mère dans la foi. Au pied de la Croix, elle se rappelait les paroles de Jésus et elle y a mis toute sa foi.

Toute sa foi… Chers amis, en cette fête de Pâques, avec Marie, nous voulons vraiment mettre toute notre foi dans la résurrection du Christ et la résurrection des morts. Je sais que cet acte de foi n’est pas facile. Mais si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine. La Résurrection de Jésus est le socle de notre foi chrétienne. Sans cet évènement de la résurrection de Jésus, sans cette foi qui a traversé les siècles et fonde notre espérance chrétienne, la majestueuse cathédrale Notre Dame de Paris n’aurait jamais été bâtie.

Reconnaissons-le, notre vie butte sur la mort, nos œuvres humaines sont vouées à la mort, même les plus géniales et les plus belles. L’incendie de Notre Dame de Paris vient nous le rappeler. Je vous avoue qu’en voyant les premières images du feu, je pensais qu’il ne resterait rien de la cathédrale de Paris. Nous savons maintenant qu’elle pourra être reconstruite, bravo les pompiers ! Mais cet incendie nous rappelle notre fragilité. Nous avons toujours une angoisse au fond de l’âme. Peur de perdre la vie, peur de perdre une amitié, nos parents, nos enfants… Souvent la mort nous révolte. Tout s’achèvera-t-il dans la mort ? En ce dimanche de Pâques, avec tous les chrétiens du monde, renouvelons avec ferveur l’acte de foi de notre baptême. Acte de foi en la Résurrection du Christ et acte de foi en la résurrection des corps.

Croyez-vous en la Résurrection du Christ ?

Un jour un enfant m’a posé cette question : « Comment vous savez que Jésus est ressuscité ? Comment vous savez qu’il est vraiment ressuscité ? » Que répondre à cette question d’un enfant qui demande à croire ? Voici ma réponse : Je crois que Jésus est vraiment ressuscité parce qu’on me l’a dit et que je fais confiance à ceux qui me l’ont dit. Oui, nous mettons notre confiance dans le récit des évangiles et la foi des premiers disciples dont la vie a été totalement transformée par la Résurrection.

Croyez-vous à la résurrection des morts ?

La mort, dit-on, est la séparation de l’âme et du corps. La vie après la mort serait la vie de l’âme. Ce n’est pas notre foi chrétienne. Ce n’est pas notre regard sur l’être humain. Oui, nous sommes composés d’une âme et d’un corps. Mais la Bible nous enseigne que dans l’être humain, l’âme et le corps forment une unité, un tout, pour être temple de l’esprit. Sans cette unité de l’âme et du corps, l’être humain n’est plus humain, il est déchiré. La mort est une déchirure. Après la mort, l’âme vit dans l’attente de retrouver son corps. Par la résurrection de Jésus, Dieu lui-même vient attester qu’il veut la réconciliation de l’être humain, dans la vie éternelle, la vie qui ne meurt pas, la vie qui est amour, éternel Amour. La résurrection du Christ ouvre à l’être humain un chemin de salut et de réconciliation, un chemin d’éternité, la résurrection. Comment cela se fera-t-il ? C’est le secret de Dieu. Nous ressusciterons en un corps spirituel. Les évangiles l’attestent, de nombreux témoins ont vu Jésus apparaître dans son corps spirituel, et ils l’ont reconnu.

Revenons à cet événement qui aura marqué notre semaine sainte, l’incendie de Notre Dame de Paris. Je ne sais pas à quoi pensaient les gens en regardant les flammes. Ce qui m’a étonné et bouleversé, c’est la force de résilience des français. Pour eux pas de fatalisme. Aussitôt, tous ont parlé de reconstruction. Pour nous, chrétiens, cette force de l’espérance vient de notre foi en la Résurrection. Notre Dame était au pied de la Croix, elle a mis toute sa foi en la Résurrection promise. Elle est notre mère dans la foi. En cette nuit de Pâques, par son intercession, demandons la grâce d’être fortifiés dans la foi et l’espérance. AMEN.